Tout le monde ou presque aime les MELVINS. Pourtant ça fait un petit paquet
de temps que le groupe de King Buzzo et de Dale Crover sort des disques de
merde – OK, relativisons un peu : cela fait un petit paquet de temps que
le groupe de King Buzzo et de Dale Crover sort des disques au mieux décevants
et au pire complètement merdiques. Mais, donc, cela n’empêche pas d’aimer les
Melvins, au moins pour ce que ces gars là ont accompli précédemment (Ozma/Bullhead/Eggnog/Lysol/Houdini/Stoner Witch) alors vivons dans le
passé, prenons un bain de jouvence de temps à autre et jetons une oreille sur
tout nouveau disque qui paraitra en provenance de cette bande de vieux
dégénérés. Une sorte de contrôle technique.
Everybody
Loves Sausages est un album entier de reprises avec un invité différent sur
presque chaque titre. Ce n’est pas la première fois que les Melvins s’essaient à
cet exercice périlleux, leur discographie dégueulant d’hommages en tous genres.
Ce n’est pas non plus la première fois que les Melvins enregistrent un disque
entier avec un ou des invités différents sur la plupart des titres (l’album Cry Baby en 2000, lequel justement comportait
également un nombre non négligeable de reprises). On se demande très
sérieusement ce que les Melvins vont nous inventer après comme concept,
peut-être un disque entier avec un ensemble de cordes ou carrément un orchestre
symphonique comme l’ont fait Metallica ou Kiss*.
Comme tous les albums de reprises ou presque** Everybody Loves Sausages est un disque
très inégal (sûrement) et inutile (complètement). L’appréciation de celui-ci
dépend de trois facteurs aussi basiques qu’essentiels : premièrement le choix
des reprises proprement dites ; deuxièmement ce qu’arrive à en faire le
groupe ; troisièmement la tronche de chaque invité surprise. Prenons un
exemple purement au hasard avec, en quatrième position, Station To Station, un titre de David Bowie. Ici on déteste viscéralement
Bowie et on déteste cette chanson. Un mauvais point mais qu’importe :
c’est JG Thirlwell qui s’y colle au chant – ça par contre, ça fait un bon point
parce qu’on vénère ce type – mais le résultat est très décevant (Thirlwell
avait déjà collaboré avec les Melvins sur l’album Cry Baby et le résultat était autrement meilleur). Résultat : peut
mieux faire.
Un autre exemple ? C’est un certain Caleb
Benjamin du groupe Tweak Bird (?) qui chante sur Best Friend, une composition de Queen. Un double zéro pointé. Autant
pour cet invité mystère dont la prestation est imbitable que pour le choix de
la chanson et du groupe repris. La reprise d’Attitude des Kinks avec Clem Burke (Blondie) à la batterie est
également particulièrement horrible. Ceux qui s’en sortent le mieux ici sont
Scott Kelly de Neurosis pour une version décidemment trop fidèle du Warhead de Venom, Jello Biafra avec le
pourtant périlleux In
Every Dream Home A Heartache de Roxy Music, Tom Hazelmyer punkisant
le Art School de The Jam et – cela ne
surprendra personne – Mark Arm de Mudhoney sur le Set In On Fire des Scientists. Le pire reste Heathen Earth de Throbbing Gristle, placé en fin de tracklisting
comme le vulgaire remplissage en forme d’étron sonore qu’il est et bidouillé
par le seul Buzz Osbourne.
On ne perdra pas son temps à passer ici tous les
titres en revue pour conclure que le seul intérêt de Everybody Loves Sausages est de confirmer que les Melvins, comme
tout le monde, enfin tous les gens qui apprécient la musique, écoutent ou ont
écouté des quantités de disques différents et que, ouh lalala, la vie des
bêtes c’est formidable et vraiment passionnant. Rien à foutre, donc. Reste les
quatre ou cinq titres cités plus haut et qui méritent de rester au chaud dans
une machine à mp3 pour en être ressortis à chaque fois que l’on aura envie de
rire. C’est déjà pas si mal.
[Everybody
Loves Sausages est publié en CD pas Ipecac]
* tiens, cadeau : une version magnifiquement horrible
de Going Blind, un titre que les
Melvins ont d’ailleurs repris sur leur album Houdini
** on sauvera comme d’habitude le Kicking Against The Pricks de Nick Cave
& The Bad Seed – à noter qu’en face B de The Singer, single accompagnant cet album de Nick Cave, on trouvait
une excellente version de Black Betty,
un vieux standard également repris par les Melvins sur Everybody Loves Sausages