Que MAIN publie un album en 2013 est une véritable
surprise. Main, rappelons-le, est le groupe que Robert Hampson avait monté après Loop en compagnie de Scott Dowson (ancien
Loop lui aussi, il joue sur l’album A Gilded Eternity). Un
groupe que l’on croyait mort et enterré depuis que Robert Hampson avait décidé
de se consacrer de plus en plus profondément à la musique acousmatique et à la
recherche musicale – écouter à ce sujet son deuxième album « solo »,
le très réussi Répercussions.
Alors ? Et bien Main a, sur la fin de sa
première existence, de plus en plus glissé vers une musique savante et austère,
délaissant le côté hypnotique et lysergique de ses premiers enregistrements et
délivrant ainsi quelques indices fortement annonciateurs de ce que ferait plus
tard Robert Hampson tout seul. Ablation,
premier enregistrement de Main depuis 2006 et l’album Surcease (publié par le label N-Rec
et enregistré par le seul Hampson), est le fruit de la collaboration entre deux
hommes, Robert Hampson bien sûr et le nouveau venu Stephan Mathieu. Que Main
soit à nouveau un duo est une bonne chose : sur ses derniers jours le
groupe n’était que l’œuvre d’un Hampson solitaire et obnubilé et on continue encore de penser que Main a souffert du désir de découverte et de
l’apprentissage (certes courageux) du musicien en matière de musique
acousmatique.
Mais aujourd’hui c’est une toute autre histoire. Non
seulement Hampson a prouvé avec Répercussions
qu’il était désormais capable de grandes choses mais, en plus, la présence d’un
alter ego le galvanise certainement. Il n’est certainement donc pas question
avec Ablation d’un retour aux
premiers fondamentaux de Main – Hampson est désormais allé trop loin dans
l’acousmatique pour tenter tout volte-face et sans doute n’en a-t-il absolument
pas envie – mais on sent à l’écoute des quatre titres/parties du disque une
dynamique propre à un vrai groupe, basée sur l’échange, l’interaction et une
sorte d’énergie communicante. Ablation
reste un disque de musique expérimentale, ambient et acousmatique, un disque
chargé en trouvailles sonores et mu par un travail sur les sons souvent pas
loin d’être stupéfiant mais, oui, Ablation
est également un disque qui dispose de ce confort d’écoute propre aux disques
épanouis.
La suite des aventures de Robert Hampson ravira les moins de trente ans nostalgiques d’un temps qu’ils ne peuvent pas connaitre : le musicien a en effet réactivé Loop – sous le line-up de l’album A Gilded Eternity, soit Hampson et Dowson aux guitares, Neil MacKay à la basse et John Wills à la batterie – et annonce des concerts et plus si affinités d’ici la fin de l’année 2014 ; autrement, il se murmure également que Robert Hampson participerait à la tournée célébrant le vingtième anniversaire de la parution de l’album Pure de Godflesh… en effet Hampson a joué sur ce disque aux cotés de Justin Broadrick et GC Green et avait même tourné avec eux à l’époque.
[Ablation
est publié en CD et LP par les Editions Mego – le label de Peter Rehberg semble bien être devenu la nouvelle maison
de Robert Hampson/Main]