C’est un peu à reculons que le comité d’écoute de
666rpm a décidé de finalement jeter une oreille un rien suspicieuse sur Commuters, le tout premier album de
Coilguns. Mais pourquoi tant de méfiance ? Oumpf, disons que les premiers
essais du trio suisse – un split incestueux partagé avec Kunz (dont les membres
jouent également dans Coilguns) ou le EP Stadia Rods – n’avaient guère convaincu parce que trop
principalement basés autour d’un axe réunissant Dillinger Escape Plan et
Converge.
Il y avait
également des raisons un peu plus diffuses et, reconnaissons-le, complètement
stupides, comme le fait que dans Coilguns on retrouve des membres de The Ocean,
un groupe honni par le politburo de 666rpm. Pourtant ce dernier avait malgré tout
décidé d’envoyer le 4 février dernier un représentant assermenté au Warm Audio près
de Lyon pour vérifier en toute indépendance d’esprit la très bonne réputation
live de Coilguns mais, et ce n’est ni un vulgaire mensonge ni une mauvaise
blague mais plutôt une sorte de malédiction, le dit représentant était vraiment
malade ce jour là, donc incapable de faire preuve de ce talent pour la
subjectivité qui est la marque de fabrique des chroniques publiées dans Heavy
Mental.
Rabattons-nous donc sur Commuters. Autant dire tout de suite que l’écoute de ce disque est
particulièrement bluffante. Vraiment. COILGUNS
a commencé à digérer ses influences majeures – des gens que l’on aime pourtant
bien mais comme à chaque fois avec les groupes qui auront marqué leur époque,
il s’en suit toujours une cohorte de suiveurs plus ou moins pénibles et en tous
les cas sans grande imagination – et surtout s’en est quelque peu éloigné.
Bien sûr on reconnaitra les canons du genre
hardcore chaotique et métallique dans nombre de compositions de Commuters mais le trio s’octroie
également quelques fantaisies (comme le riff très thrashy servant d’intro à Minkowski Manhattan Distance, un titre
qui plaira à tous les vieux) ainsi que de longues plages inquiétantes, malsaines,
hypnotiques, répétitives et qui, malgré leurs durées à rallonge – on est
parfois pas loin de la dizaine de minutes –, donnent tout son rythme à un album
finalement varié et imaginatif. C’est dans ces moments là, alors que les
guitares louvoient tout en demeurant dans l’acharnement plombé, que la batterie
devient plus tribale et que le chant ose lorgner du côté de l’incantatoire
maléfique, que Coilguns devient vraiment très bon et addictif.
On regrette donc à s’en bouffer les doigts d’avoir
raté ce concert au Warm Audio et, plus que jamais, la seule conclusion qui
s’impose est que la gastro-entérite est l’ennemi juré de la bonne musique
(alors qu’elle s’accorde très bien avec la mauvaise, cela va de soi).
[Commuters
est publié en CD digipak/croix de Satan et en vinyle par Pelagic records]