SAISON DE ROUILLE est un duo dans lequel on
retrouve Karl O’Magnus de feu Danishmendt accompagné
de Sébastyén D. (de Opium Dream Estate). En cela la parution de Caduta Dei Gravi (littéralement
« La Chute Des Corps » en italien), tout premier album de Saison De
Rouille, pourrait presque être pris pour une mauvaise nouvelle : il
confirme que l’expérience Danishmendt n’ira jamais plus loin qu’Un
Passé Aride et que cette musique, certes difficile mais passionnante et en
tous les cas porteuse de potentiels et de promesses dont on pouvait penser qu’elles
seraient un jour tenues, s’est éteinte en même temps.
Précisément, la musique est ici différente mais avec
Saison De Rouille on retrouve ce même sens de la difficulté, de
l’enfermement et de la claustrophobie. Comme une sale maladie. Presque une damnation.
Caduta Dei Gravi reste un album
relativement court (une quarantaine de minutes, sept compositions) mais on le
sent sincèrement passer ; Saison De Rouille n’a pas donc choisi la
facilité mais les exigences du groupe ne sont pas non plus des murs
infranchissables d’incommunicabilité : derrière l’acier érigé en guise de
défenses insurmontables, derrière les blocs de pierre indestructibles et
derrière les flots de flammes destructrices la musique de Saison De Rouille
accroche terriblement. Comme si les leçons du passé avaient été tirées et que
la difficulté affichée et revendiquée d’avant était désormais et en premier
lieu utilisée comme harpon, comme piège à sensations. Enfin.
Sans doute est-ce parce que Caduta Dei Gravi développe une instrumentation certes aride mais
souvent minimale ; la boite-à-rythmes est placée très en avant et rappelle
les meilleurs débordements du Godflesh de Streetcleaner
mais aussi de celui de Pure et, outre
le chant (en français) très présent, on entend rarement plus de deux
instruments supplémentaires, essentiellement de la guitare mais aussi du
violon. Le résultat est à la fois très sec et très ample car cette musique vous
enveloppe tout comme elle vous transperce. Et notre étonnement n’a d’égal que
ce sentiment palpable de se retrouver prisonnier volontaire d’un metal aussi
dense, bruyant et à très fort relents industriels. Caduta Dei Gravi possède finalement l’exigence des disques nés de
la volonté de ces groupes assez rares et tout d’abord exigeants avec eux-mêmes.
Caduta Dei
Gravi est publié en vinyle par une pléthore de labels : Le Crépuscule d'un Soir, Cold Void Emanations, Heart & Crossbone records, OPN records, Kaosthetik Konspiration et Ocinatas Industries – la version CD, avec un titre en plus et un artwork différent
est elle publiée uniquement par Le Crépuscule d'un Soir.