samedi 8 décembre 2012

Saison De Rouille / Caduta Dei Gravi




SAISON DE ROUILLE est un duo dans lequel on retrouve Karl O’Magnus de feu Danishmendt accompagné de Sébastyén D. (de Opium Dream Estate). En cela la parution de Caduta Dei Gravi (littéralement « La Chute Des Corps » en italien), tout premier album de Saison De Rouille, pourrait presque être pris pour une mauvaise nouvelle : il confirme que l’expérience Danishmendt n’ira jamais plus loin qu’Un Passé Aride et que cette musique, certes difficile mais passionnante et en tous les cas porteuse de potentiels et de promesses dont on pouvait penser qu’elles seraient un jour tenues, s’est éteinte en même temps.
Précisément, la musique est ici différente mais avec Saison De Rouille on retrouve ce même sens de la difficulté, de l’enfermement et de la claustrophobie. Comme une sale maladie. Presque une damnation. Caduta Dei Gravi reste un album relativement court (une quarantaine de minutes, sept compositions) mais on le sent sincèrement passer ; Saison De Rouille n’a pas donc choisi la facilité mais les exigences du groupe ne sont pas non plus des murs infranchissables d’incommunicabilité : derrière l’acier érigé en guise de défenses insurmontables, derrière les blocs de pierre indestructibles et derrière les flots de flammes destructrices la musique de Saison De Rouille accroche terriblement. Comme si les leçons du passé avaient été tirées et que la difficulté affichée et revendiquée d’avant était désormais et en premier lieu utilisée comme harpon, comme piège à sensations. Enfin.
Sans doute est-ce parce que Caduta Dei Gravi développe une instrumentation certes aride mais souvent minimale ; la boite-à-rythmes est placée très en avant et rappelle les meilleurs débordements du Godflesh de Streetcleaner mais aussi de celui de Pure et, outre le chant (en français) très présent, on entend rarement plus de deux instruments supplémentaires, essentiellement de la guitare mais aussi du violon. Le résultat est à la fois très sec et très ample car cette musique vous enveloppe tout comme elle vous transperce. Et notre étonnement n’a d’égal que ce sentiment palpable de se retrouver prisonnier volontaire d’un metal aussi dense, bruyant et à très fort relents industriels. Caduta Dei Gravi possède finalement l’exigence des disques nés de la volonté de ces groupes assez rares et tout d’abord exigeants avec eux-mêmes.

Caduta Dei Gravi est publié en vinyle par une pléthore de labels : Le Crépuscule d'un Soir, Cold Void Emanations, Heart & Crossbone records, OPN records, Kaosthetik Konspiration et Ocinatas Industries – la version CD, avec un titre en plus et un artwork différent est elle publiée uniquement par Le Crépuscule d'un Soir.