Continuum
Sonore est déjà le cinquième album du duo MANINKARI
depuis 2007 mais c’est le tout premier paru sur l’excellent label Basses Fréquences. Fort
malheureusement il semble bien que ce sera aussi le dernier puisque Jérôme
Monaca, la seule et unique personne qui se cachait derrière Basses Fréquences,
déjà initiateur du label My Own Salvation quelques années auparavant, a décidé de jeter l’éponge ou plutôt
de mettre son label en sommeil pour une période indéterminée… Triste nouvelle
et terrible décision que le principal intéressé explique par le désastre
financier qu’il a du subir depuis deux ou trois années pour cause de méventes
de ses productions, estimant même qu’il a personnellement failli à faire
partager ses goûts aux autres. Jérôme, crois-moi, cela ne te sert à rien d’être
trop dur avec toi-même.
Maninkari et son Continuum Sonore ont donc le très triste privilège de clore
l’expérience d’un des labels les plus intéressants du moment en matière de
musiques atmosphériques, drone, ambient… On essaiera donc d’en rajouter ni dans
un sens ni dans un autre : ce n’est pas parce que Continuum Sonore marque (peut-être) la fin d’une histoire qu’il
sera forcément génial ; ce n’est pas non plus parce que le label
s’autodissout dans le vide de la musique numérique et dans l’intérêt des
mélomanes pour d’autres styles que ceux encore hier défendus par Basses
Fréquences que tout cet édifice, ce patient travail de passionné, et que tout cet
amour irréversible doivent être sanctifiés à jamais tels les martyrs des causes
perdues d’avance.
Pourtant, malgré toutes les précautions émises, il
est vraiment terrible d’admettre qu’ici l’amertume est tout de même immense
parce que Continuum Sonore reste un
album excellent et passionnant ; Maninkari avait fait preuve d’un certain
essoufflement après des débuts fracassants (le EP Psychoide/Participation Mystic, le double album Le Diable Avec Ses Chevaux puis le vinyle Art Des
Poussières et enfin le CD Un Souffle De Voix pourtant marqué par trop de redites) alors que l’album The Half Forgotten Relic Of A Dream (que
l’on n’a pas chroniqué ici) montrait lui un enlisement certain de la musique du
duo.
Avec Continuum Sonore on retrouve une bonne partie de la syntaxe et du
vocabulaire de Maninkari mais le côté ambient de la musique du duo est
davantage mis en avant. Les percussions s’effacent, les rythmes deviennent
lointaines pulsations, les sonorités du cymbalon s’éternisent dans des
échos presque sépulcraux, les samples prennent plus d’importance… Maninkari –
un groupe composé de deux frères multi-instrumentistes – a su créer sa propre musique,
ses codes même pourrait-on dire, et on découvre, presque émerveillés, qu’avec Continuum Sonore le groupe peut encore
nous surprendre, nous séduire et possède toujours cette capacité de prolonger la
magie initiale. Triste linceul.
[Continuum
Sonore a donc été publié par Basses Fréquences en CD digipak – je ne peux
que vous enjoindre à également jeter un coup d’œil sur tout le catalogue de ce label ainsi
que sur les productions d’autres petites maisons que Basses Fréquence avait
également choisi de distribuer via son mailorder]