C’est enfin le grand retour de FIGHT AMP. Après des années de silence le
trio nous a déjà gratifiés en 2012 d’un excellent titre via la série de splits
Hell Comes Home dont il occupe le sixième volume
en compagnie de Burning Love… or ce Shallow
Grave, bien que fort recommandable dans le registre du pousse au vice
hardcore noise, est pourtant trompeur sur l’état général de Fight Amp :
plus proche des deux premiers albums du groupe (Hungry For Nothing en 2008 ; Manners And Praise en 2009) que de ce que l’on peut entendre sur le
petit nouveau, Birth Control. Mais que
l’on se rassure tout de suite parce que l’on n’y perd rien au change, bien au
contraire.
Il y a pourtant des choses qui ne bougent pas avec
Fight Amp à commencer par cette basse monstrueuse toujours aussi
impressionnante de lourdeur – on peut même affirmer que sur Birth Control on l’entend plus que
jamais. Non, là où le groupe surprend c’est en délaissant quelque peu le
hardcore bruyant de ses débuts pour se repositionner davantage sur le
noise-rock et, qui plus est, pas n’importe quel noise-rock mais celui – massif
mais toujours mélodique par derrière – que l’on pouvait entendre dans les 90’s
du côté d’Amphetamine Reptile records ; certains titres (les géniaux Fly Trap, I’m Out et I Am The Corpse)
évoquent même carrément le meilleur d’Hammerhead, y compris dans la volonté de
torcher du titre instrumental (l’inquiétant Goner).
Moins rapide mais toujours aussi bouillonnante,
plus vicieuse et finalement plus lourde, la musique de Fight Amp n’en est devenue
que meilleure. On ne regrette pas très longtemps – même si on les apprécie
toujours autant – les déflagrations plus burnées et métallisées aux entournures
des deux premiers albums et on apprécie plus que tout cette façon qu’a
désormais le trio d’insuffler une bonne dose de crasse et de graisse dans son
bordel généralisé. Le résultat est méchant, crapuleux et graveleux tout en
gardant le côté carré et efficace des racines hardcore.
Même lorsque le groupe décide d’accélérer la
cadence (Shallow Grave, ici dans une
version très différente – donc – de celle proposée sur le split Hell Comes Home qui a été
enregistrée avec un autre batteur que celui de l’album), on retrouve
sans peine cet esprit échappé des 90’s sans que l’on ait rien à se demander et
surtout rien à regretter... ainsi Fight Amp tord aisément le cou à toute
récupération nostalgique de sa musique. Les changements de line-up depuis les
débuts du groupe et en particulier l’arrivée d’un nouveau batteur sur Birth Control sont sûrement pour quelque
chose dans cette lente maturation de Fight Amp mais après tout ce genre
d’explications n’a que peu d’intérêt face à la réussite d’un album que l’on
n'attendait plus de la part d’un groupe que l’on croyait disparu à jamais.
Birth Control est publié en CD digipak et en vinyle pochette
gatefold par Translation Loss, tout
comme l’avaient déjà été les deux premiers albums de Fight Amp ; on peut
d’ailleurs (ré)écouter ceux-ci sur la page bandcamp du groupe et on peut également y découvrir les tout premiers
enregistrements de Fight Amp, ceux effectués à l’époque où le groupe était
encore composé de quatre musiciens dont deux guitaristes et alors qu’il s’appelait
encore Fight Amputation.