Après une bonne démo CDr et surtout après un excellent concert en mars 2012 aux Capucins
de Lyon, un concert chaud et humide comme on les aime ici, on peut enfin écouter le premier véritable album de LA PINCE ; bien sûr on mentirait effrontément en affirmant que La Simple était extrêmement attendu par
toute l’équipe rédactionnelle de 666rpm mais ce disque il faut bien admettre
qu’il fait un bien fou et qu’il provoque chez l’auditeur (très) moyen moult
palpitations incontrôlables et largement autant de sueurs acides qui vous
retournent les tripes et vous portent les synapses en ébullition en un rien de
temps.
La Pince c’est avant toutes choses un (post) punk
direct et frontal, tendu et sec, aiguisé et hargneux, dansant et jouissif. Punk as fuck comme le disent les
esthètes urinophiles et autres amateurs de sensations fortes. La Pince
s’embarrasse de pas grand-chose et sûrement pas de ce maniérisme qui pourrit
trop souvent les groupes qui veulent jouer de la musique à la manière de ;
on ne dit pas que La Pince c’est de l’originalité à tous les étages ni la
révolution mais c’est quand même la secousse permanente dans cette façon qu’à
le groupe de te balancer son noise punk dans le lard – pas de tergiversations
ou d’hésitations, pas de compromis et surtout pas d’embellissements
inutiles : il faut que ça (se) sente, il faut que ça sue et que ça pue un
minimum sinon ce n’est assurément pas de la musique.
On retrouve tous les titres de la démo précitée
sur La Simple mais ce que l’on
remarque plus que tout c’est que La Pince a mis les bouchées doubles, a du
bouffer du speed avant d’enregistrer ce premier album et que le groupe a su trouver
ces quelques trucs tout simples qui sur bandes rendent sa musique encore plus
âpre et plus nerveuse. Le chant suit parfaitement ce mouvement et sort du
terrain de jeu balisé d’un côté par Rotten/Lydon et de l’autre par Biafra, il gagne
en hargne, les glaviots pleuvent toujours autant mais désormais ils ont une
couleur encore plus dégueulasse. On apprendrait aussi que La Simple a été enregistré au milieu de nulle part et surtout au
milieu d’une pièce avec un musicien du groupe dans chaque coin et un micro au
milieu que l’on n’en serait pas plus étonné que cela tellement ce disque,
encore une fois, transpire.
Enfin, et tout cela aurait sinon servi à rien, La
Pince sait foutrement bien bazarder ses compositions ; quatorze titres qui
torpillent dru et lardent sèchement, des mélodies simples mais à se damner, avec
des lignes de basse tentaculaires et une guitare en mode limaille de fer
incandescente, comme si elle nous infligeait une multitude de petites brûlures,
bien profondes et bien nettes. On pense également avoir décelé une petite
coquetterie et pas des moindres : sur Môa
Je Pêche Là (tous les titres des compositions sont en franzouziche vosgien
mais tous les textes eux parlent langliche bruxellois), le guitariste tombe en
partie son instrument pour se concentrer sur une drôle de petite meuchine qui
tiendrait presque du chargeur de batteries de voiture si elle ne générait pas des
stridences et autres bourdonnements délicieusement brulants eux aussi. Une gégène pour danser, quoi.
[La Simple est publié en vinyle (accompagné d’un CDr et d’un
insert avec les paroles) par Attila Tralala, Boom Boom Rikordz et Katatak records]