jeudi 6 décembre 2012

Report : le PLAYbox Fest au Périscope - 01/12/2012




Après une première soirée au Lavoir et une deuxième au Kraspek, le festival PLAYbox s’installe le samedi 1er décembre au Périscope de Lyon pour un dernier soir de concerts, de musiques et de performances. L’éclectisme est la seule règle qui règne sur la riche programmation de cette édition 2012 du festival (troisième du nom), un éclectisme non seulement musical – du math rock à l’électro – mais également trans-disciplines.
Partout dans la salle le collectif Paperland a installé des sortes de mobiles et des décorations en papier et le Périscope y gagne une allure plus étrange que d’habitude ; de son côté Grand Guignol tient son indispensable stand de livres tandis que Der Kommissar – également responsable des visuels du festival – expose ses sérigraphies.

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En attendant le début des concerts Sofie Dub s’apprête à donner une performance – une réflexion sur l’enfermement et le questionnement identitaire me souffle-t-on alors à l’oreille – et j’ai sans doute perdu l’habitude d’assister à des performances telles que celle-ci, une prestation qui me ramène un peu à l’époque du Pezner, qui était plutôt friand de ce genre de choses…




Concert de vieux, horaires de vieux : ZËRO qui joue en premier au presque alors qu’il s’agit sûrement du groupe le plus attendu de la soirée, c’est une idée assez drôle et qui me convient parfaitement (moi aussi je suis vieux). Le groupe s’est malheureusement fait bien trop rare en concert ces dernies temps et s’est montré criminellement discret depuis la sortie de son troisième album Hungry Dogs (In The Backyard). Une honte.
Et puis il y a eu l’annonce d’une mini-tournée de quelques dates en novembre, une poignée de concerts qui se terminent au Périscope ; ils sont donc nombreux à être venus pour applaudir Zëro, enfin de retour sur une scène lyonnaise : Yvan Chiossone (synthés, guitare, basse, etc), François Cuilleron (guitares), Franck Laurino (batterie) et Eric Aldéa (basse, guitare et chant) – et une nouvelle fois le spectre du Pezner réapparait subrepticement dans le public, quelques vieilles têtes presque oubliées…
On entendait dire également que le groupe était en grand forme et effectivement Zëro ne décevra pas, même si jouant un set bien trop court pour cause de programmation et de timing chargés. Le bonheur de réécouter live quelques titres des albums Jokebox, Diesel Dead Machine et Hungry Dogs (In The Backyard) est évident, le groupe prend lui aussi un plaisir palpable et décisif à être sur scène, ne se formalise pas d’un ampli basse qui se met à crachoter au plus mauvais moment et Zëro donne tout simplement un excellent concert.




Et puis il y a cet avant-dernier titre, annoncé comme étant une nouveauté (Up Raising, c’est bien ça ?) et alors que l’on ne s’y attend pas vraiment Zëro déballe ce qui est peut-être sa meilleure composition à ce jour, un titre aussi nerveux que prenant et beau – tout simplement – et véritablement touché par la grâce. Un grand moment qui passe à une vitesse folle et qui soulève un enthousiasme unanime.
Après un seul et unique titre en guise de rappel (une version bien décomplexée de Drag Queen Blues) le groupe quitte déjà la scène – j’ose espérer qu’il n’y a pas que les vieux fanatiques de Zëro qui criaient dans la salle et que le groupe en a convaincu quelques autres, parce qu’il le mérite vraiment. Celles et ceux qui ont raté ça pourront se rattraper le mercredi 27 février 2013 au Marché Gare puisque Zëro y est à nouveau programmé par l’équipe du Kraspek en compagnie de The Healthy Boy & The Badass Motherfuckers (dont ce sera le grand retour, en pleine forme et avec un nouvel album s’il vous plait) ainsi que des extraordinaires Winter Family. Immanquable.

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Je ne m’éterniserai pas vraiment au sujet du groupe d’après, Mutant Slappers : des musiciens déguisés en filles trash poubelles et lardées de fausses plaies ouvertes (mais avec une vraie chanteuse tout aussi saignante au milieu) qui jouent de façon parodique du vieux rock, font une reprise du Black Dog de Led Zeppelin et qui se prennent pour les New York Dolls. J’ai craqué et ai préféré profiter dehors du bon air frais de cette nuit hivernale de décembre, confirmant ainsi une nouvelle fois que je n’ai strictement aucun humour.




Les survivants comptent alors sur PAPAYE pour se faire dignement remonter le moral, il est quand même près d’une heure du matin. Manque de chance il semble bien que le all-stars band tourangeau-nantais a fait une grosse fête après son concert de la veille dans un bar pourri, les trois musiciens sont parait-il tout patraques et froissés à l’intérieur, bref, en résumé : Papaye manquerait singulièrement de jus et de fraîcheur.
Du propre aveu de ces trois garçons c’est même un peu dur et de temps à autres (et non sans malice) ils remercient les gens d’applaudir et de trépigner comme des dindes idiotes au son du math rock ultra vivace et ensoleillé du trio. Pourtant il y avait bien de quoi applaudir et s’agiter.
De toute façon, s’ils ont fait des pains et des grosses cacades il n’y a qu’eux qui s’en sont réellement aperçus (ou presque) et l’échauffement aidant, Papaye est rapidement passé en mode extravagant et excessivement ludique et donc jubilatoire. Musicalement ça virevolte, ça saute dans tous les sens et Papaye n’est jamais aussi drôle que lorsque les deux guitaristes répètent à l’envie un vieux riff éculé de boogie-blues acédécien avec des sourires de gamins aux lèvres (toujours de la malice). Encore un bon concert de la part du trio.

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Papaye s’en va, le bar est soudainement pris d’assaut – parce que Papaye ça donne soif – mais la soirée n’est pas finie pour autant : changement radical de style avec Debmaster et d’autres choses encore, jusqu’au petit matin, mais je ne sais pas exactement lesquelles parce que je suis parti me coucher comme un petit vieux.

[une partie des photos de cette soirée – uniquement Zëro et Papaye – et un grand merci pour tout à Audrey]