Apparemment MIM est un one man band, un garçon qui
enregistre tout seul dans son coin ; j’écris « apparemment » parce
que des informations sur mim, on n’en a pas vraiment non plus. Alors on est
forcés d’imaginer un peu*. Là c’est beaucoup plus facile, on peut se faire des
gros films en noir et blanc en écoutant As Far As I Compute parce que mim semble
venir de nulle part. Un premier album – également toute première sortie du
label L’Amour Aux Milles Parfums – qui vous prend par surprise, comme un coup de
rasoir en travers de la gorge et le sang qui s’écoule, étrangement froid et
visqueux.
mim joue une sorte de musique électronique
glaciale qui tire vers l’indus, non seulement en utilisant des sonorités
malsaines et dévoyées mais en ayant également recours à un certain tribalisme
(sur certains titres c’est un vrai batteur qui joue, ce qui apporte une touche
sale supplémentaire). Un son travaillé, ciselé et mortellement froid. Et puis des
détails qui surgissent – comme ces deux notes de piano sur Intriqués, l’effet de fanfare synthétique et tonitruante façon
Foetus/Cop Shoot Cop puis une guitare très no wave sur As Far As I Know, la basse swanesque et en contrepoint cette ligne
de synthétiseur d’une légèreté inquiétante sur Head Full Of Shit, Red
Concrete et ses roulements de batterie, etc. –, des détails qui virent à
l’obsession. Mais les compositions de mim sont plutôt courtes, ou alors elles
se terminent de manière abrupte, dans la frustration et l’attente, à
l’exception notoire du lancinant La Mer
Néant ; on en revient alors à cette impression de blessure : ce
n’est que lorsqu’on regarde enfin sa plaie que l’on prend conscience que l’on a
mal.
Là-dessus viennent se greffer des textes, en
français ou/et en anglais, des textes qui racontent des histoires que l’on ne
comprend pas vraiment, si ce n’est
qu’ils vous donnent également ce sentiment d’égratignures constantes. As Far As I Compute est un album de blessures,
d’enfermements et de mondes inanimés. Un disque captivant malgré son aridité
synthétique et passionnant malgré sa courte durée… Des échos qui claquent, des
grésillements qui perdurent et des bourdonnements labyrinthiques pour sortir de
là. Rien n’est moins sûr.
As Far As I
Compute est publié en CD par L’Amour Aux Milles Parfums mais il est également entièrement téléchargeable sur le site
du label et il bénéficie d’une licence Creative Commons (la même que celle
de ce blog inutile).
* en fouillant bien, la seule chose que j’ai
trouvée est cette vidéo d’Intriqués extraite d’un
concert donné sous le nom de mim88 – c'est-à-dire mim & Les Vosgiens :
mim aurait-il un rapport, même lointain, avec La Grande Triple Alliance
Internationale de l’Est ?