On a déjà croisé le nom de FANNY LASFARGUES à
propos du premier album sans titre de Q ; mais la bassiste/contrebassiste joue également
dans Pipeline (aux côtés notamment de Yann Joussein de DDJ) ainsi que dans Rétroviseur (toujours avec Yann Joussein mais aussi avec Yoan Durant d’IRèNE).
On aura surtout reconnu que tous les groupes précités font partie du Collectif Coax… une coopérative d’idéalistes
qui a donc également publié le premier enregistrement en solitaire de Fanny
Lasfargues, le bien nommé Solo.
Au programme : de la contrebasse (bien sûr),
de la basse électro-acoustique (évidemment), des effets multiples et des
« music toys » c'est-à-dire des mini percussions, petits synthés, clochettes,
etc. Et il y a même de la voix. Solo
est ainsi un disque d’expérimentations et de recherche(s) ; il n’y a rien
de réellement immédiat ici, aucune facilité d’accès en tous les cas, et Fanny
Lasfargues démarre son disque en faisant table rase et en maltraitant sa
contrebasse lors des tout premiers instants de B7 – mais en même temps elle prend bien soin de laisser malgré tout
son instrument parfaitement identifiable à l’oreille : alors, une fois
qu’il a été dit que la plus grande marque d’amour et de respect que l’on peut
porter à celui-ci est précisément de lui en faire voir de toutes les couleurs
– la vie en vrai, quoi –, les bidouilles, manipulations et autres détournements
peuvent enfin commencer.
Solo n’a
donc que très peu à voir avec la poésie résonnante des solos de
contrebasse qui peuplent la musique moderne, du jazz à la musique
contemporaine ; Solo est un
disque qui s’ouvre plutôt aux sonorités électroniques voire électroacoustiques,
parfois de façon très ludique (DJ Moyas),
parfois de façon rêveuse (See You À Plus)
mais la plupart du temps de façon abrupte, rugueuse et, on l’a déjà dit, de
façon expérimentale (les cinq plages composants B7) – Shout, en septième
position sur le disque, ne compte pas vraiment même si l’effet en est très
drôle.
B7 est
ainsi le gros morceau de Solo et
laisse apparaitre toute l’imagination et toute la curiosité d’une musicienne
qui pousse l’intérêt de l'auditeur vers l’inconnu et l’abstraction des sons : on pourra parfaitement se moquer de savoir ou pas si ces sons que l’on entend ont été produits par une contrebasse ou une basse passées à la moulinette de pédales d’effets inconnues du profane or on appréciera toujours qu’ils sont le fruit du travail d’une jeune femme en plein défrichage et en pleine(s) découverte(s). Mais on ne cachera pas aussi que Solo est parfois ardu bien qu’il
s’agisse également d’un beau disque car il incite à la rêverie, au bricolage
des sens perturbés qui s’écrabouillent sur des éclats d’archets, des pincements
de cordes, des boucles et des manipulations sonores.
En soi c’est déjà beaucoup.
[Solo
est édité en CD digipak par Coax records et Musea]