Jusqu’ici on a été plutôt gentiment complaisants à
l’égard d’AMENRA : il fut même un
temps béni où les disques du groupe trouvaient un écho favorable
ici. Mass V est le tout nouvel album
des belges et c’est le tout premier à paraitre chez Neurot recordings, gage de
reconnaissances multiples et sûrement méritées pour AmenRa qui en quelque sorte
se voit adoubé par le groupe qui est aussi l’une de ses principales influences
historiques (rappelons, juste au cas où, que Neurot recordings est le label des
petits gars de Neurosis). On ne devrait peut-être donc pas aller beaucoup plus
loin dans cette chronique ; AmenRa est juste un énième groupe de post
hardcore/down tempo particulièrement efficace et puissant, un groupe qui ravira
les nombreux supporters du genre – ceux qui au contraire n’ont jamais supporté
et ne supportent toujours pas savent déjà à quoi s’en tenir.
Reste que, même en faisant preuve de cet esprit
aventureux ainsi que de cette bienveillance qui caractérise habituellement
l’équipe rédactionnelle de 666rpm, l’écoute de Mass V chiffonne quelque peu – et, oui, ça nous chiffonne or on
aurait plutôt préféré être perturbés par un disque qui ressemble à celui
d’avant (Mass IV) qui lui-même
ressemble à son prédécesseur (Mass III),
etc. AmenRa est un groupe de besogneux qui s’entêtent et ça, c’est déjà extrêmement
fatiguant. Il ne suffit pas toujours d’être efficace pour faire oublier que
l’on n’est absolument pas original – les notes égrainées en introduction
de Dearborn And Buried (qui malheureusement
est aussi le titre d’ouverture de Mass V)
ont déjà été mille fois entendues, avalées et recrachées et on peut alors légitimement
hésiter entre deux attitudes : soit on sourit narquoisement tout en
préparant son lance-flamme et sa réserve de napalm ; soit on soupire
d’ennui en espérant malgré tout que cela va aller en s’améliorant.
Et justement cela ne s’arrange pas : le
problème de Mass V est que l’on n’y
croit pas une seule seconde – bien que Boden fasse illusion –, cette musique trop bien foutue de
partout là où il faut est tout sauf convaincante, comme on l’a déjà dit elle
besogne mais ni la hardiesse ni la profondeur ne sont de son côté (A Mon Ame est même du genre très pénible).
Le déclic à rebrousse-poil définitif se produit avec Nowena | 9.10*
; cette première partie ridicule au chant clair, avec des paroles niaises au
possible et accompagnée de guitares cristallines ne montre qu’une seule
chose : AmenRa est un groupe pleurnichard doté d’un petit cœur bleu porté
en bandoulière et rien n’y fera, même pas les hurlements castrés du chanteur,
désormais pathétique et risible quoi qu’il arrive, ni les guitares pourtant ciselées avec
soin par la production de monsieur Billy Anderson. C’est dur la vie.
* avec un featuring/intronisation de Scott Kelly
de qui-vous-savez