Ce beau split album a mis du temps à arriver jusqu’ici
– sa date officielle de parution remonte tout de même au mois de mars 2012 – mais
l’attente en valait la peine. Dans tous les sens du terme. Parce que Royal
McBee Corporation tout comme 400 The Cat font vraiment très mal mais chacun à sa
façon, chacun dans son genre. Après tout, on n’en demande jamais beaucoup plus
à un tel disque : juste écouter et/ou découvrir deux groupes différents
mais complémentaires.
ROYAL McBEE CORPORATION
est un duo atypique : une basse, une batterie, de la voix et des machines
pour un hardcore métallisé et surtout à forte tendance industrielle. La musique
de Royal McBee Corporation est du genre sombre, vénéneux voire ouvertement malsain ;
les rythmes s’entremêlent de façon assez compliquée et technique puis émergent
d’un chaos grandissant, la basse explose en de multiples ramifications et
derrière le travail sur les textures est impressionnant, conférant à Royal
McBee Corporation ce caractère tellement inquiétant.
En ouverture Brainballs
est déjà très imposant avec cette façon de hacher la plus simple des
terreurs en quelque chose de plus terrifiant encore alors qu’à mi-parcours un
passage intermédiaire laisse soudainement échapper une guitare et une
clarinette pour un déluge free/bruitiste qui, bonheur, finit par s’éterniser
jusqu’à la fin du titre. Brainballs
vire ainsi au matraquage répétitif sur fond de mort à petit feu… Mais le vrai
sentiment d’agonie c’est avec Dig That
Soil qu’on l’expérimente le plus : ce deuxième et dernier titre du duo
est une longue complainte hurlée et malade sur fond de massacre industrielle et
carnassier ; pourtant Dig That Soil
est d’une structure on ne peut plus simple et répétitive mais le groupe y met
tellement d’acharnement que l’on finit par en avoir froid dans le dos.
L’acharnement est également le crédo de 400 THE CAT, un groupe qui pourtant
œuvre moins dans l’originalité affichée que Royal McBee Corporation ;
qu’importe parce que ces gars là savent comment faire tourner une composition
de pur metal core en mode grosse fureur et avec ce qu’il faut de folie tordue. Indéniablement
le point fort de 400 The Cat reste cette guitare dotée d’un son sauvagement hors
du commun et qui enquille du riff aussi malade que balèze avec une facilité
déconcertante. Le groupe s’autorise également quelques passages ralentis (et même
parfois plus dégagés) qui respirent le malaise, comme le final à couteaux tirés
de Scarecrows, assurément le meilleur
des cinq titres proposés ici.
Sachez également que 400 The Cat annonce la
parution de son tout premier album Stf
Helix Nebula pour le début de l’année 2013 – autant dire que l’on attend ça
avec une impatience grandissante.
[ce split Royal McBee Corporation/400 The Cat est publié en vinyle rouge (accompagné
d’un CD) par Swarm records, Eardrum
Terrorism records et Synesthesic Experience]