mercredi 23 mai 2012

STAER / self titled





STAER est la très grosse surprise/découverte de ce début d’année 2012. Le trio norvégien est même pas très loin de décrocher avec ce tout premier album sans titre la palme du groupe et du disque de l’année. Découvert à l’occasion d’un concert en compagnie de Child Abuse STAER s’inscrit tout à fait dans une certaine logique de destruction/reconstruction propre aux groupes norvégiens marquants voire incontournables de ces dix dernières années (dans le désordre : Noxagt, MoHa! et Ultralyd). A l’image de celle de ses illustres prédécesseurs, la musique de STAER est lourde, massive mais ardente, précise et extrêmement réglée mais complètement folle, imaginative et implacable.
En concert on se focalise beaucoup sur le batteur de STAER – un garçon réellement impressionnant – qui par son jeu tournoyant insuffle une dynamique cyclique au trio, agit comme par un effet de tectonique des plaques qu’il projette les unes contre les autres avec des conséquences éprouvantes et démoniaques, un immense chaos. Il semble ainsi donner la parole au guitariste et au bassiste, orchestrant leurs déflagrations respectives. Ces premières impressions ressortent renforcées après plusieurs écoutes de cet album sans titre : la musique de STAER est une architecture monstrueuse, un système d’entrelacs psychotiques, une succession de mécanismes apparemment déréglés, un bouillonnement incessant, un magma permanant, un trou noir cosmique. Et au milieu, ce batteur.
Mais ce que révèle également et encore plus ce disque c’est tout le travail du guitariste et du bassiste. Et il serait terriblement injuste de les mettre au second plan. Les six compositions présentes ici rééquilibrent parfaitement les positions de chacun – sans doute un effet de l’enregistrement car bien que la prise de son soit en direct live le rendu est très bon, à la fois rugueux et lisible. On avait déjà remarqué le guitariste : il s’avère que le son de son instrument est plus percutant que jamais, très noise mais toujours très inventif, presque constamment trafiqué mais très organique, un son brûlant comme de la lave. On peut tirer les mêmes conclusions avec le bassiste. Sauf qu’un bassiste qui n’est pas qu’un simple faire-valoir rythmique et fait preuve de tant d’inventivité destructrice et de présence c’est beaucoup plus rare qu’un guitariste qui sort des sentiers battus.
Une guitare, une basse et une batterie : STAER est vraiment un power trio de première catégorie. Sa musique entre noise, tribalisme, psychédélisme cannibale et attaques bruitistes est l’une des plus passionnantes et enivrantes du moment. Décidemment la Norvège est un pays à part.

Ce disque incontournable est publié par Gaffer records dont il constitue l’une des meilleures sorties à ce jour. L’autre bonne nouvelle c’est que STAER sera de retour à l’automne prochain, une nouvelle chance de voir le groupe en concert si jamais vous l’avez raté lors de sa tournée d’avril dernier. Ainsi STAER sera à l’affiche de la troisième édition du Festival Gaffer qui se déroulera à Lyon les 11, 12 et 13 octobre 2012. On en bave d’avance.