Quoi ? Une chronique d’A Place To Bury Strangers sur 666rpm ? Mais oui… cher lecteur, si tu cherchais ne serait-ce qu’un tout petit peu tu t’apercevrais que l’on a déjà parlé ici du groupe d’Oliver Ackerman, à l’occasion de son premier album sans titre par exemple ou du passage du groupe au CCO de Villeurbanne en 2008 et – beaucoup plus récemment – à propos du documentaire Sprites signé Alexis Magand. A Place To Bury Strangers c’est un peu mon mainstream pour hipsters à moi et surtout le trio de Brooklyn est une infernale madeleine de Proust synthétisant sans efforts apparents quelques groupes beaucoup écoutés au siècle dernier (des Cure à New Order en passant par Jesus And Mary Chain) et réalisant ainsi un effet de double distorsion : celui des guitares et celui du temps qui passe. Il ne fait pas bon vieillir, moi je vous le dis, mais l’important c’est de s’en foutre. Complètement.
A
Place To Bury Strangers a donc publié le mini album Onwards To The Wall en février dernier sur le label Dead Oceans. Soit plus
de deux années de silence discographique depuis l’album Exploding Head un peu trop surgonflé au niveau de sa production. Deux
années peut être mais aucun changement à l’horizon ou presque. Oliver Ackermann
(chant/composition/guitare/pédales d’effet) semble faire partie de cette
catégorie de musiciens parfaitement incapables de quelque changement en
profondeur de leur art. Celles et ceux qui connaissent Skywave, le
précédent groupe du bonhomme, ne vous répéteraient pas autre chose.
Aucun changement mais pas de pourriture annoncée
pour autant. Au contraire Onwards To The Wall
est l’enregistrement le plus dynamique voire le plus rapide d’A Place To Bury
Strangers. Cinq titres uniquement mais que du rentre-dedans, surtout cette
rythmique diablement efficace et imparable – la basse bien sûr mais aussi la
batterie assurée sur deux titres par Allen Bickle de Baroness. Ça pulse et seul
Onwards To The Wall en troisième
position (avec la participation d’une certaine Alanna Nuala au chant) développe réellement
une sensibilité, toute piquée à Joy Division – écoutez bien cette ligne de basse mise très en avant mais
aussi le chant.
A Place To Bury Strangers ne fait que confirmer alors que l’on
sait pertinemment que le groupe ne peut pas décevoir, pour peu que l’on soit
fan de ses positions de principe qui, on le répète, synthétisent efficacement
et avec réussite quelques musiques préexistantes comme autant de pierres
angulaires (cold wave, noisy pop et shoegaze). On ne risque pas un jour de se
souvenir d’A Place To Bury Strangers pour sa musique psychorigide et figée dans
le temps mais bien pour la capacité d’Oliver Ackermann et de ses petits
camarades de jeu à rendre hommage à ce qu’ils aiment tout en se faisant plaisir
et en nous faisant plaisir. La nostalgie camarade.