samedi 19 mai 2012

Nadja / Excision





Excision n’est en aucun cas un nouvel album de Nadja mais une compilation. Un double CD regroupant des titres déjà parus entre les années 2007 et 2009, sur différents supports, souvent à des tirages extrêmement limités et sur des labels que personne ne connait ou presque. Dans l’ordre Excision redonne à entendre un titre issu du 12’ Trinitarian paru en 2007 sur Important records, un titre de Trinity ainsi qu’un autre d’un split 12’avec 5/5/2000 (tous deux datent de 2008), le Magma To Ice publié en 2008 par Fario, deux versions alternatives de Autosomal tiré de l’album Bodycage (2005) – mais ces deux versions proviennent de l’édition en double LP de Bodycage publiée en 2007 par Equation records –, un titre du split avec Kodiak publié en 2009 par Denovali records et enfin Clinging To The Edge Of the Sky (2009, chez Vendetta records et Adagio 830). En tout huit titres pour se refaire une cure de Nadja. Cela faisait bien longtemps.
Le point vraiment intéressant est que Excision correspond exactement à la période pendant laquelle le groupe d’Aidan Baker et de Leah Buckareff a subrepticement atteint son apogée puis a inexorablement mais sûrement basculé dans le moins en moins bon. En 2007 Nadja avait en effet déjà aligné pas moins de huit albums dont pas un n’est à jeter pour les admirateurs du groupe – juste pour se faire plaisir et dans l’ordre : Touched, Corrasion, Skin Turn To Glass, Bodycage, Truth Become Death, Bliss Torn From Emptiness, Thaumogenesis et Radiance Of Shadows. Nadja n’a ensuite jamais fait mieux que ces huit albums, lesquels font en ce moment même ou vont faire l’objet de jolies rééditions en CD via Broken Spine, le propre label d’Aidan Baiker (Bodycage l’est déjà depuis quelques mois, Thaumogenesis vient juste de l’être, à suivre donc…).
Que Aidan Baker/Nadja pense avant tout à rééditer une énième fois ses anciens enregistrements ou lieu d’en publier de nouveaux est presque un aveu : le duo canadien n’est plus ce qu’il a été et Excision en est une nouvelle démonstration, démarrant par du très bon et du très typique de Nadja – couches de guitares surenveloppantes voire qui ensevelissent tout, rythmiques pachydermiques, brouillards de saturation, mélancolie métallique – puis se délitant au fur et à mesure d’enregistrements de moins en moins intéressants. Le deuxième disque fait presque figure de remplissage avec ses plages instrumentales et bruitistes qui mises bout à bout frôlent le gavage et l’overdose (les deux versions alternatives de Autosomal sont même pas très loin d’être parfaitement inutiles). Par contre on remarquera que la contribution de Nadja au LP et demi Primitive North en compagnie des affreux A Storm Of Light n’a pas été incluse dans Excision alors qu’elle tombe pile-poil au milieu de la période étudiée (début 2009). Dommage.

C’est Important records qui est responsable de la parution d’Excision et que le label en soit remercié puisque nombre de ces titres étaient désormais devenus complètement introuvables. Rappelons également qu’Important n’en est pas à son coup d’essai puisque le label avait déjà réédité des raretés d’Aidan Baker en solo, également sur un double CD, I Wish Too, To Be Absorbed, en 2010.