Tenter de chroniquer un disque publié il y a plus
d’une année et qui plus est sur Relapse
records – donc alors que la machine de guerre marketing et promotion du
label a déjà fait table rase de toute contestation possible – ne sert sans
doute à rien du tout. Mais puisque la musique c’est aussi et surtout le plaisir
de l’inutile, je ne saurai résister à celui, encore plus futile et vain, de
l’écriture d’une petite chronique tardive à propos de ce disque aussi violent que
crade.
Certains on peut être découvert Noisear via le deuxième volume de This Comp Kills Fascists, compilation
dont le groupe californien (Albuquerque) était l’un des principaux attraits et
donc têtes d’affiches a postériori. Mais Subvert
The Dominant Paradigm est déjà le troisième album longue durée de Noisear
et très certainement l’un des meilleurs albums de grindcore de l’année 2011,
loin devant le Psalm Of The Grand
Destroyer de Circle Of Dead Children question originalité et dangerosité mais
également bien moins millimétré et donc infiniment plus réaliste que le Cursed de Rotten Sound.
Le grindcore est une vieille musique – à tel point
que ses meilleurs représentants en sont aussi les inventeurs, voir à ce propos
le Utilitarian des toujours jeunes et
fougueux Napalm death – mais on découvre ça et là, au gré des sorties
innombrables et donc inutiles, quelques groupes plus ou moins récents et qui en
valent réellement la peine. Insect Warfare, Wormrot et donc Noisear sont les
noms qui viennent immédiatement à l’esprit et, concernant ces derniers, Subvert The Dominant Paradigm est un pur
concentré de noirceur et d’extrémisme. Le groupe semble en outre partager les
préoccupations politiques à l’origine du grindcore et est donc animé d’une rage
qui donne le frisson. En conséquence on ne rejettera rien de ce disque cru et
sincère, depuis la collection de riffs qui décapitent tout ce qui dépasse
jusqu’aux rythmiques qui taillent et tranchent net. Le chant (parfois en
espagnol, c’est toujours rigolo) n’est pas des plus originaux – on s’en serait
douté – mais il est extrêmement bien en place et efficace.
Enfin Subvert
The Dominant Paradigm se termine par ce qui est plus qu’une curiosité,
c'est-à-dire les dix neuf minutes de Noisearuption,
monstre bruitiste et tentaculaire qui après les vingt cinq autres minutes du disque
(et ses 29 titres furieux) n'est pas qu’un gimmick ou une méthode de
remplissage. Noisearuption donne à
entendre un hybride entre metal extrême et harsh noise assez jouissif. Je ne
suis pas sûr que cela suffise à détruire les paradigmes dominants des
idéologies criminelles au pouvoir dans nos sociétés occidentales dépressives
mais ça fait vraiment du bien.