mercredi 30 mai 2012

High On Fire / De Vermis Mysteriis





De Vermis Mysteriis est déjà le sixième album studio* de High On Fire en quelques douze années. Et il aura fallu que j’attende ce De Vermis Mysteriis pour devenir réellement fan du groupe de Matt Pike. La bienveillance c’est mal mais c’est effectivement la bienveillance qui à chaque nouvel album d’High On Fire m’avait poussé à en écouter le résultat. Reflexe complètement idiot puisque entre les deux groupes de Matt Pike (Sleep, archétypal du doom 70’s, au siècle dernier et donc High On Fire maintenant) il n’y a strictement aucun rapport. Mais l’ostrogoth à poils longs qui sommeille en moi est teigneux voire tenace.
De Vermis Mysteriis apparait ainsi non seulement comme l’album d’High On Fire qui montre la lumière mais surtout comme le tout meilleur enregistrement du trio**. Pourtant les choses n’ont guère évolué depuis The Art Of Self Defense publié en 2000 par Man’s Ruin (le label de ce gros businessman de Frank Kozik). High On Fire c’est toujours et ça a toujours été beaucoup de gras. Et du très lourd. Et de la vitesse. Et puis des pochettes de disques superbement moches. Faire mieux à chaque fois semble être l’objectif que s’étaient donné Matt Pike et ses petits copains mais ils n’y étaient jamais parvenus. Il n’y a certes aucun mauvais album d’High On Fire. Il n’y a que des albums parfois un peu moins bons, parfois un peu routinier et un peu étouffé par ce gras sursaturé.
Sur De Vermis Mysteriis High On Fire s’est donc surpassé tout en faisant preuve de la même absence totale d’imagination***. Même les quelques titres que l’on aurait voulu haïr (l’instrumental Samsara à la fin de la première face, l’emphatique King Of Days au milieu de la seconde) gagnent leurs galons d’honneur. Que ce soit dans le registre de l’ultraspeedé mais lourd (Bloody Knuckle) que dans le lent et encore plus lourd (Madness Of An Architect) High On Fire reste le maitre incontesté d’un metal qui allie fureur thrash, riffs 70’s et exaltation rock’n’roll. Le meilleur titre de l’album reste Spiritual Rites avec ce mélange symptomatique de Slayer, Motörhead et Black Sabbath qui défie voire écrase les suédois d’Entombed sur leur propre terrain de jeu. Pour l’instant De Vermis Mysteriis est bien parti pour être l’album de metal de l’année****.

* car il y a aussi le LP Live From The Relapse Contamination Festival en 2005
** aux cotés de Matt Pike il y a effectivement l’indéboulonnable Des Kensel à la batterie ainsi que l’excellent Jeff Matz (ex Zeke) à la basse depuis l’album Death Is This Communion (2007)
*** à ce propos avoir enregistré De Vermis Mysteriis aux God City Studios de Kurt Ballou s’est révélé être une excellente idée : il fallait bien un tel environnement sans personnalité et un tel tâcheron pour permettre à High On Fire d’exprimer librement sa suprématie
**** De Vermis Mysteriis a été publié aux US en version double 12’ par eOne music ; la version européenne est chez Century Media mais en vinyle simple – il existe toutefois une version double européenne avec un deuxième disque comprenant enregistrements live ou inédits