De Vermis
Mysteriis est déjà le sixième album studio* de High On Fire en quelques douze années. Et
il aura fallu que j’attende ce De Vermis
Mysteriis pour devenir réellement fan du groupe de Matt Pike. La
bienveillance c’est mal mais c’est effectivement la bienveillance qui à chaque
nouvel album d’High On Fire m’avait poussé à en écouter le résultat. Reflexe
complètement idiot puisque entre les deux groupes de Matt Pike (Sleep,
archétypal du doom 70’s, au siècle dernier et donc High On Fire maintenant) il
n’y a strictement aucun rapport. Mais l’ostrogoth à poils longs qui sommeille
en moi est teigneux voire tenace.
De Vermis
Mysteriis apparait ainsi non seulement comme l’album d’High On Fire qui
montre la lumière mais surtout comme le tout meilleur enregistrement du trio**.
Pourtant les choses n’ont guère évolué depuis The Art Of Self Defense publié en 2000 par Man’s Ruin (le label de
ce gros businessman de Frank Kozik). High On Fire c’est toujours et ça a
toujours été beaucoup de gras. Et du très lourd. Et de la vitesse. Et puis des
pochettes de disques superbement moches. Faire mieux à chaque fois semble être
l’objectif que s’étaient donné Matt Pike et ses petits copains mais ils n’y
étaient jamais parvenus. Il n’y a certes aucun mauvais album d’High On Fire. Il
n’y a que des albums parfois un peu moins bons, parfois un peu routinier et un
peu étouffé par ce gras sursaturé.
Sur De
Vermis Mysteriis High On Fire s’est donc surpassé tout en faisant preuve de
la même absence totale d’imagination***. Même les quelques titres que l’on
aurait voulu haïr (l’instrumental Samsara
à la fin de la première face, l’emphatique King Of Days au milieu de la seconde)
gagnent leurs galons d’honneur. Que ce soit dans le registre de l’ultraspeedé mais
lourd (Bloody Knuckle) que dans le
lent et encore plus lourd (Madness Of An
Architect) High On Fire reste le maitre incontesté d’un metal qui allie
fureur thrash, riffs 70’s et exaltation rock’n’roll. Le meilleur titre de
l’album reste Spiritual Rites avec ce mélange symptomatique de Slayer, Motörhead et Black
Sabbath qui défie voire écrase les suédois d’Entombed sur leur propre terrain
de jeu. Pour l’instant De Vermis
Mysteriis est bien parti pour être l’album de metal de l’année****.
* car il y a aussi le LP Live From The Relapse Contamination Festival en 2005
** aux cotés de Matt Pike il y a effectivement l’indéboulonnable
Des Kensel à la batterie ainsi que l’excellent Jeff Matz (ex Zeke) à la basse
depuis l’album Death Is This Communion
(2007)
*** à ce propos avoir enregistré De Vermis Mysteriis aux God City Studios
de Kurt Ballou s’est révélé être une excellente idée : il fallait bien un
tel environnement sans personnalité et un tel tâcheron pour permettre à High On
Fire d’exprimer librement sa suprématie
**** De
Vermis Mysteriis a été publié aux US en version double 12’ par eOne
music ; la version européenne est chez Century Media
mais en vinyle simple – il existe toutefois une version double européenne avec
un deuxième disque comprenant enregistrements live ou inédits