FAT32 publie enfin son premier album. Et c’est la grosse artillerie. Rendez vous en un peu compte par vous-mêmes : le disque est sortie à la mi-septembre 2011 sur Web Of Mimicry (le label de Trey Spruance/Secret Chiefs 3), il a été enregistré aux quatre coins du monde par Randall Dunn (Earth, Sunn O))), Wolves In Throne Room, Grails, etc.) et l’artwork est signé Seldon Hunt, pour un résultat étonnamment sobre et pour une fois plutôt réussi. Sur le papier tout ça a vraiment de la gueule.
Mais le plus étrange est la façon dont le duo lyonnais en est arrivé là. Après un concert au Rail Théâtre en juillet 2009 en première partie de Secret Chiefs 3, les FAT32 sont devenus les chouchous de Trey Spruance qui, quand il aime, ne fait pas vraiment semblant. Ni une ni deux, il embarque FAT32 pour assurer les premières parties de Secret Chiefs 3 sur d’autres tournées, fait découvrir le monde moderne et dangereux à ses nouveaux protégés, les téléporte de l’autre côté de l’océan Atlantique, leur fait traverser le désert de la mort, boire de la gnôle de Peyotl certifiée à 65° et leur propose donc de sortir leur premier album. Un vrai conte de fées. Mais un conte de fées mérité. FAT32 a bossé dur et fort pour en arriver là. Leurs fans ne seront pas déçus. Les autres, celles et ceux qui vont pouvoir découvrir le groupe avec ce premier album, vont s’en prendre une bien bonne au travers de la tête. Et quelque part, on les en envierait presque.
Cinq titres composent ce tout premier album. Cinq titres parfois étonnamment long – Puzzloïd atteint les 17 minutes – mais jamais laborieux ni fatiguant. C’est là toute la force de FAT32 : réussir à jouer une musique ultra complexe, ultra sophistiquée, alambiquée et malade sans perdre l’auditeur en route ni l’envoyer valdinguer pour se torcher avec les pages d’une encyclopédie de vulgarisation des musiques extrêmes et barrées. Parce que pour être extrême, la musique de FAT32 l’est assurément, reprenant les recettes de Naked City (citations, juxtapositions, collages, explosions et on recommence) mais poussant le bouchon encore plus loin. Si FAT32 y arrive si bien, c’est sans aucun doute parce qu’ils ne sont que deux dans le groupe – un batteur à huit bras et 12 douze jambes et un instrumentiste (claviers et sampler) dont les terminaisons nerveuses du cerveau doivent être directement connectées aux composants électroniques des instruments qu’il martyrise sans répit ni pitié –, parce qu’ils se connaissent donc par cœur, qu’ils savent se répondre mais surtout parce qu’ils s’amusent vraiment beaucoup. Exit donc toute rigidité qui chez la majeure partie des groupes hyper techniques plombe l’entrain et la vitalité du rendu final. Place à une folie outrancière, à la profusion de gags sonores, de déflagrations et de loopings les yeux bandés.
Les amateurs les plus pointus et les plus avisés de FAT32 auront bien sûr remarqué la présence dans le tracklisting de Ziiion-Ponk (part one) et de Hard Drive mais qu’ils se rassurent tout de suite : les versions qu’en propose l’album sont des nouveaux enregistrements. Il n’y a donc pas une seule seconde d’hésitation : il faut se ruer sur le disque de ces petits gars et attendre que les pluies acides se transforment en nectar des dieux. Moi je vous dis que c’est parfaitement possible.
C’est en ce vendredi 7 octobre que débute le Gaffer Fest, festival auquel FAT32 participe évidemment. Trois jours de concerts organisés par Gaffer records au Périscope et dont on vous rappelle succinctement la programmation assez démentielle ci-dessous :
- le 7 octobre : Hallux Valgus, 80 Dates et Sister Iodine
- le 8 octobre : Dehors Pythagore!, FAT32 et MoHa!