jeudi 4 avril 2013

Report : The Healthy Boy & The Badass Motherfuckers au Sonic - 30/03/2013





Deux jours à peine après le terrifiant concert de Divorce, retour au Sonic qui s’apprête à fêter dignement son septième anniversaire : et oui la salle lyonnaise a ouvert le 1er avril 2006… Un 1er avril ? Tout ça ressemble à une bonne grosse blague mais c’est la vérité pure et simple et si les deux inconscients qui ont monté ce projet avaient su au départ dans quoi ils s’embarquaient réellement, toutes les galères qu’ils allaient rencontrer en chemin, peut-être qu’ils auraient choisi d’ouvrir un autre jour, le 30 mars ou le 2 avril, tiens, par exemple.
Mais, comme dirait l’autre, it’s unlucky to be superstitious – chose que l’on traduira poliment par un « tu chies quand tu pries » – et cela peut sembler effectivement à peine croyable que le Sonic atteigne finalement l’âge de raison. Bon anniversaire les garçons.




Il fallait donc un groupe définitivement festif et enjoué pour marquer le coup, après tout on est un samedi soir, le week-end (de Pâques) va durer trois jours et les gens ont bien le droit de s’amuser comme il faut. Les Kabu Ki Buddah ayant refusé de se reformer pour l’occasion, c’est donc à THE HEALTHY BOY & THE BADASS MOTHERFUCKERS qu’échoit la lourde tâche de dérider un public lyonnais réputé pour son sang-froid légendaire et inflexible en cas de concert débordant d’esprit et d’insouciance.
On rappellera malgré tout que Carne Farce Camisole, dernier enregistrement en date de The Healthy Boy & The Badass Motherfuckers, est l’un des disques parmi les plus beaux et les plus poignants de ces derniers mois et cela faisait vraiment plaisir de revoir Benjamin Nerot aka The Healthy Boy, sa barbe de diablotin druidique et son petit chapeau à la Peter Sellers, sur une scène. Voilà plus de deux ans que lui et son gang de lyonnais n’avaient pas (re)joué ensemble mais tout ce petit monde vient juste de mettre fin à une sorte de malédiction en effectuant une petite tournée confraternelle de cinq jours.




A l’image de Carne Farce Camisole, le concert est une alternance de chansons intimistes, sombres et graves et de morceaux plus rythmés, plus denses  et presque enjoués – notamment une nouvelle composition très réussie et qui touche de près à ce bon vieux rock’n’roll – mais quoi qu’il arrive c’est la voix profonde et ourlée d’éthanol de The Healthy Boy qui impressionne et qui domine tout le reste. Entre balades crépusculaires et dérives écorchées vives notre homme donne vie à ses textes mais sans en faire de trop non plus : la simplicité nue et sincère de l’exposition tripière ne cède jamais le pas au pathos ou à l’auto-apitoiement.
Les cinq musiciens sur scène prennent visiblement plaisir à jouer ensemble, éveil d’une bienfaisance cathartique et – peut-être – libératrice alors que quelques clins d’œil complices et autres blagues débiles fusent à l’occasion, n’oublions pas qu’aujourd’hui il y a aussi un anniversaire à fêter. Mais le clou du spectacle reste cette incroyable galipette totalement à contre-emploi effectuée par un lead guitariste particulièrement enflammé au beau milieu du solo de Remember Me, sublime composition s’il en est – finalement cette acrobatie aérienne s’avérera illustrer parfaitement les effets néfastes des peaux de banane abandonnées sur l’existence de chacun.

[bon, après, le Sonic a réellement fêté son septième anniversaire, tout le gotha lyonnais était là ou presque, le bar a été pris d’assaut, de la musique de vieux jeunes passait dans la sono et les gens avaient l’air content]