mercredi 3 avril 2013

Bad Guys / self titled




Les plaisanteries les plus courtes sont parait-il les meilleures or il s’avère rapidement qu’avec leur premier album sans titre, ces BAD GUYS londoniens ne plaisantent pas vraiment, malgré tout le décorum ultra référencé* dont ils se sont entourés, malgré la multiplication des clins d’œil musicaux et malgré toute la jovialité incandescente et l’humour débile que dégage leur heavy rock très orienté seventies.
Oui il est encore possible en 2013 de jouer une musique qui ne date pas d’hier ou même d’avant-avant-hier et de la faire sonner comme quelque chose de maintenant sans l’once d’un brin de début de nostalgie – nostalgie de quoi d'ailleurs ? à quelques exceptions près, le gros rock qui tache du début des années 70 n’était quand même pas loin d’être totalement merdique, non ? Mais les Bad Guys ont la rage et leur premier album dégage cette bonne odeur de sueur, de sang et de sperme qui remet les compteurs à zéro. Bien, très bien même, y compris lorsque les guitares partent dans des sonorités que même n’importe quel être humain moyennement mais honnêtement alcoolisé ne pourrait que détester ou lorsqu’on soupçonne les Bad Guys d’emprunter également du côté d’un Hawkwind en pleine phase de décolage (Hurl et ses bruits bizarres en arrière-plan).
Il y a ainsi beaucoup de choses sur ce disque : par exemple on peut retrouver du Black Sabbath sur Alcowhore** ou alors virez le chant de cochon en rut, rajoutez à la place une voix de castra peroxydé et permanenté sur le couplet de Witness A New Low et vous ne serez pas très loin du macho-sexisme exhibitionniste d’un Led Zeppelin. Les Bad Guys aiment également faire des blagues comme cette intro de My Love Is Disgusting pompé sur J-S Bach par le truchement, on l’imagine, de Roger Glover et de Deep Purple mais n’ayez surtout pas peur de toute cette avalanche de références écœurantes : le punk est évidemment passé par là, les Bad Guys aiment le gras et jouer plein de notes mais il le font avec toute la désinvolture nécessaire pour que nous, pauvres headbangers hormonés, on s’éclate une nouvelle fois dans un énième débordement d’insouciance éternelle.
Porté par l’irrépressible Fake Tan – meilleur tube d’heavy rock depuis le Prehistoric Dog*** de Red Fang et une réussite qui renvoie la momie Turbonegro dans le sarcophage doré dont elle n’aurait plus jamais du ressortir –, le premier album sans titre de Bad Guys est généreusement jubilatoire et vous accroche définitivement, comme une merde collée à la queue d’un chien, comme un chien qui s’accroche à son os, comme un os qui… (OK, on va s’arrêter là),  comme un parfum de beuverie printanière et un bon gros défouraillage tous azimuts : ça fait tellement du bien d’être con, n’est-ce-pas ? ****

* j’ai eu beau chercher : le logo du groupe est-il pompé sur celui de Bob Seger ? sur celui de Fastway peut-être ?
** sans aucun doute possible le nom de composition le plus délicieusement dégueulasse de ces derniers mois, enjoy
*** allez, juste pour le plaisir
*** ce disque est publié en LP uniquement pas Riot Season, un label avec lequel on n’est décidément pas au bout de nos (bonnes) surprises