jeudi 25 avril 2013

Fire! Orchestra / Exit!




A n’en pas douter, le géant suédois du saxophone Mats Gustafsson se sert de FIRE! comme de tous ses autres groupes, pour faire de nouvelles expériences et rechercher un peu d’inédit. Et, plus particulièrement, Mats Gustafsson ne semble pas envisager Fire! comme un simple trio (il y est accompagné de Johan Berthling et Andreas Werliin) mais comme la terre d’accueil de musiciens invités. Le précédent album de Fire!, le plutôt mitigé car très inégal In The Mouth – A Hand, avait été enregistré en compagnie du guitariste australien Oren Ambarchi. Pour Exit !, quatrième album du groupe, Fire! passe à la vitesse supérieure – que dis-je : tente d’embrayer la vitesse supersonique – pour se rebaptiser Fire! Orchestra et augmenter ses rangs de presque une trentaine d’invités.
Sur le papier cela pourrait sembler parfait même si on peut aussi s’inquiéter d’une distribution pléthorique avec pas moins de cinq saxophonistes, trois trompettistes, deux trombonistes, un joueur de tuba, deux claviers, un bidouilleur, trois guitaristes (dont un qui chante également), quatre bassistes – trois contrebasses et une basse électrique –, quatre batteurs et deux chanteuses. On ne va pas citer tout le monde, précisons simplement que le Fire! Orchestra regroupe une bonne partie de la crème suédoise des musiques free et expérimentales.
Ça, on voudrait bien le croire que cette petite armée de musiciens soit le top du top mais on peut légitimement se demander à quoi servent les quatre batteurs – on a vraiment du mal à les discerner voire on finit par douter qu’ils jouent jamais ensemble –, quatre bassistes, etc. Autrement dit Exit! a tout de la superproduction en cinémascope et en technicolor, c'est-à-dire que l’ampleur des moyens employés ne sert que d’étalage vulgaire et non pas de moyen d’expression permettant de faire quelque chose de réellement intéressant. C’est que l’on s’ennuie de plus ne plus à l’écoute d’Exit! car tout y est si pensé, les digressions free sont tellement convenues et les interventions des deux chanteuses (Mariam Wallentin – au passage moitié de Andreas Werliin  avec qui elle forme le duo Wildbirds & Peacedrums – et la soprano Sofia Jernberg) rivalisent de ridicule et de prétention avec celles d’Emil Svanängen (aka Loney, Dear – ce type arrive parfois à chanter aussi abominablement qu’un Sting en plein trip world music).
Enregistré en janvier 2012 au Fylkingen de Stockholm (une salle dont la réputation est celle d’être la Mecque suédoise des musiques traviolées et subventionnées), Exit! est un gros loukoum indigeste et bien trop expansif. On sort de ces deux titres à rallonges comme écœurés et surtout épuisés par une musique volontairement savante et donc prétentieuse voire mythomane. Un faux pas de la part de ce grand monsieur qu’est Mats Gustafsson, en espérant qu’il s’en remettra (nous, on a déjà préféré oublier ce disque pour toujours).

[Exit! est publié en CD et en vinyle blanc par le label Rune Grammofon – la version vinyle inclut le CD en bonus, bande de losers]