jeudi 3 décembre 2009

Melt Banana / Melt Banana Lite Live : ver.0.0




















Déjà un nouveau disque long format de Melt Banana ? Les japonais avaient considérablement redoré leur blason avec leur précédent album, Bambi's Dilemma (en 2007), avaient enquillé avec une énième tournée mondiale triomphale (dont un passage remarqué à Grrrnd Zero) et – hop – j’étais redevenu ce fan hardcore de Melt Banana que j’avais cessé d’être après le très décevant et poussif Cell Scape (2003). On ne se refait pas. Melt Banana Lite Live : ver.0.0 serait comme son nom l’indique un album live, il est même précisé au dos du disque live recorded in Tokyo in the summer of 2009 mais on n’y entend aucun applaudissement, il s’agit tout simplement d’un enregistrement en prise directe et en studio. Le groupe nous avait déjà fait le coup avec MxBx 1998 /13,000 Miles At Light Velocity (Tzadik, 1999), peut être le meilleur disque de Melt Banana ou en tous les cas une sorte de best of très représentatif de la première et foisonnante période du groupe.
Mais là on a affaire encore à tout autre chose. Explications, dans le texte… These days, Melt Banana perform some of their shows under the name Melt Banana Lite, and this album is a live recording of the new configuration. Melt Banana Lite is not the usual Melt Banana: there are drums and vocals, but no guitars - instead samplers and synth. It is different, but at the same time, one definitely feels Melt Banana when one listens to it. […] Melt Banana Lite shows another face of Melt Banana, with more flexible, concentrated and free minds. They have stepped forward, attempting to discover new possibilities for their music. Traduction : pas de guitare ni de basse lorsque Melt Banana joue dans sa formule lite, ce sont des synthés qui font tout le boulot. Idée finalement guère nouvelle tant Agata prend un malin plaisir depuis pas mal d’années maintenant à transformer les sons de sa guitare en quelque chose de méconnaissable, à mi chemin entre sifflement saturé et bruit synthétique. Ainsi donc on est guère dépaysé dès l’intro de Feedback Defiency avec ce son de scie circulaire numérique et le bidouillage sur la voix accompagné du rythme syncopé nous permettent gentiment d’attendre la suite.
La suite c’est une collection de titres ultra rapides en mode grind tagada (le quadruple enchaînement T For Tone/Slide Down/One Drop, One Life/Dig A Pit ou la triplette Chain Keeper/Dog Song/Lock The Head) et là, honnêtement, on ne sent pas vraiment la différence avec le Melt Banana que l’on écoute depuis quinze ans… ah si : la basse de Rika – ou ce qui lui sert de palliatif, une basse samplée quoi – est bien trop en retrait, certes ça mitraille à souhait mais le groove furibard habituel des japonais on le cherche encore. In Store assume déjà plus le côté bricorama/synthèse revendiqué (là non plus rien de nouveau, il suffit de réécouter l’album Charly) mais c’est sur un titre comme Cat And The Blood que ça se gâte franchement : Jean Michel Jarre fait une apparition remarquée dans la musique de Melt Banana avec un son de synthé grotesque et a-b-o-m-i-n-a-b-l-e, exploit qui sera malheureusement réédité un peu plus loin sur Last Target On The Last Day (d’ailleurs plus Eric Serra que Jean Michel Jarre) et sur le final Humming Jackalope, Waiting For The Storm… (presque sauvé par un son de thérémin qui manque pourtant singulièrement de poésie) – des prétendues innovations formelles qui au contraire rappellent très fortement certains errements electrobidouilles de Cell Scape. Pas de quoi hurler à la trahison mais pas de quoi non plus justifier cette appellation de Melt Banana Lite. Un goût, une odeur et une couleur que l’on connaissait déjà, c’est l’effet Canada Dry. C’est con mais j’ai toujours préféré la bière.