lundi 28 décembre 2009

Heavy Trash / Midnight Soul Serenade


Quelle belle illustration. C’est tout de suite un plaisir de retrouver Heavy Trash dont Midnight Soul Serenade est le troisième album : la pleine lune brille, le ciel est nuageux, on est tout perdu dans les bois, un couple de retro-zombies se sert l’un contre l’autre sous les ricanements d’un cupidon méphistophélique, cette histoire va certainement très mal finir, noces de sang / mon chéri je t’aimerai jusqu’à la mort / tu ne crois pas si bien dire salope. Mais on va bien rigoler. Les illustrations complémentaires à l’intérieur du digipak sont du même niveau, on y voit Jon Spencer et Matt Verta-Ray transformés en charmeur de serpent à deux têtes ou sous l’emprise de l’élixir du diable – bien sûr le diablotin de service est planté au milieu, il joue sauvagement de la guitare à la croisée des chemins en attendant le Maître des Enfers. Midnight Soul Serenade est sorti sur un nouveau label pour Heavy Trash, Bronzerat records (inconnu au bataillon) mais rien n’a changé quant au soin porté à la réalisation des sorties du duo.




















Nos deux éboueurs arrivent à faire illusion sur les trois premiers titres. Certes on tique un peu sur le premier d’entre eux, Gee, I Really Love You, un chouïa trop sophistiqué, légèrement chaloupé, mais Good Man et surtout l’entraînant Bumble Bee remettent les aiguilles dans le rouge. Après, c’est la dégringolade. Inexorable. Rien de mauvais, uniquement de l’ennuyeux (The Pill et ses électrobidouilles) ou du banal (l’instrumental surf Pimento, le très Blues Explosion (Sometimes You Got To Be) Gentle). On n’en croit pas trop nos oreilles. Ce qui nous plaisait avec Heavy Trash c’était cette relecture à la fois ultra réactionnaire et complètement destroy des poncifs rock’n’roll/hillbilly voire country de la musique américaine des années 50 et début 60. Un hommage à la punk mais un hommage quand même dont le second album du duo était l’éclatante réussite – Going Way Out With Heavy Trash, sur lequel nos deux ordures n’avaient pas ménagé leurs efforts. Sur ce Midnight Soul Serenade moribond et désincarné on attend désespérément que quelque chose de juteux et/ou de saignant se produise. Quelques moments donnent espoir, le caricatural Bedevilment par exemple, mais la seconde partie de ce disque est encore plus molle et sans inspiration que la première. Peut être peut on aussi sauver Sweet Little Bird à force d’écoutes répétées et insistantes. Heavy Trash bande mou, pour la furie rock’n’roll il faudra aller voir ailleurs et les ricanements du diablotin de la pochette sonnent cruellement. Déçu, déçu, déçu.
Pour en revenir à ces illustrations qui sont la seule chose de réellement réussie sur ce disque, elles sont signées par l’incomparable Jean-Luc Navette, skinhead obsédé sexuel et moustachu, graphiste, illustrateur, auteur de bandes dessinées et tatoueur talentueux et désormais reconnu. C’est lui le grand gagnant de cette histoire et toi, Jon, essaie de nous revenir rapidement et en meilleure forme s’il te plait.