mardi 8 décembre 2009

Jesu / Opiate Sun


Désolé pour les admirateurs passionnés de l’anglais (s’il en reste et personnellement je le suis malgré tout encore un peu) mais si le job de base d’un prophète lambda c’est de transformer l’eau du robinet en piquette dominicale alors Justin Broadrick est le champion universel de la merde en boite tellement avec Jesu il a l’air de ne pas trop se forcer pour arriver à métamorphoser sa musique autrefois géniale en fond de poubelle.
Opiate Sun
a comme tous ses prédécesseurs une bien jolie présentation - et un digipak élégant, merci Caldo Verde records - et sur l’échelle qui va de l’effroyable au tout juste passable, ce nouveau mini album quatre titres se situe tout à fait dans le bas du tableau, pas très loin du split avec Envy ou de Pale Sketches, la compilation d’inédits ridicules que Broadrick avait publié par ses propres moyens fin 2007 sur Avalanche records. On remarque au passage l’humour involontaire du label qui sur le sticker aguicheur apposé sur Opiate Sun à fait imprimer new heavy and melodious EP from Justin Broadrick of Napalm Death and Godflesh c'est-à-dire exactement tout ce que ce disque n’est évidemment pas.























On avait pourtant quelques bons espoirs depuis Infinity, longue pièce montée peut être bancale et maladroite mais renouant sur certains passages avec la lourdeur passée qui faisait aussi tout l’intérêt du EP Heartache et du premier album sans titre de Jesu (on n’ose plus prononcer le nom et la mémoire de Godflesh, même si on sait désormais que le groupe quasi myth(olog)ique de Broadrick sera présent lors de l’édition 2010 du Hellfest). Du vent et de la mélodie chamallow c’est à peu près tout ce que l’on retrouve ici, Deflated remportant la palme de la niaiserie à tel point que l’on imaginerait très bien ce titre comme fond sonore d’un teen movie régressif ou d’une série tv sur le dépucelage tardif d’un emokid refoulé et beaucoup trop amoureux de sa mère pour oser biscuiter sa voisine d’en face - qui elle écoute de la vraie musique avec des couilles, Pantera ou Slayer par exemple, et une fille qui écoute Pantera ça fait forcément très peur.
Je crois que la solution de l’énigme Broadrick est là : Justin tu es profondément amoureux et c’est ce qui te pousse à composer du chubbygaze inoffensive et transparent. Et puis un dernier point, éternellement le même, celui concernant les effets sonores déformant ta petit voix d’ange. Mon garçon je vais finir par croire que pour arriver à tes fins tu utilises en fait l’auto-tune comme n’importe quel tâcheron soul/arenbi. Il serait temps que tu te ressaisisses.