vendredi 18 décembre 2009

Drunkdriver / Born Pregnant























Drunkdriver : un nom de groupe à faire hurler ensemble Henry Rollins et Greg Ginn enfin réunis pour une bonne cause. Born Pregnant : un nom d’album qui fleure bon l’humour dégueulasse, la déviance sexuelle et la cradeur profonde. Le petit texte signé Michael Berdan (le chanteur fou du groupe) et qui a été imprimé sur la pochette intérieure précise sans aucune ambiguïté : Songs about god, family and girls I used to fuck. I’d like to apologize to all of them, but the fact of the matter is, I’m not sure if I’m sorry […]. Juste au dessus de ce texte on découvre une photo du groupe en pleine action lors d’un concert avec Mike au micro et portant un magnifique t-shirt de Death in June, celui avec la totenkopf, Jeremy à la batterie (il martèle également dans les excellents Pygmy Shrews) et Kristy à la guitare – et oui, avoir une fille dans un groupe qui sert à autre chose qu’à faire de la figuration à la basse et/ou de servir de copine au chanteur/guitariste cela existe aussi. Il n’y a donc pas de bassiste chez Drunkdriver et – encore une fois – il n’en fallait pas plus.
Les yeux bien fermés, sans tricher du tout et même en étant complètement sourd, on jurerait que Drunkdriver est un groupe signé sur Load records. Tout, sur ce Born Pregnant, a été sciemment saturé, les sons de guitare ne ressemblent souvent qu’à une longue suite de larsens grésillants et le son de batterie est tellement déformé que cela donne un indéniable côté indus à la musique de Drunkdriver. Par-dessus ce formidable vomi électrique (le vomi ça pue quand même bien plus que le camembert, non ?), Michael Berdan aboie avec une rage non feinte et dégoûtée ses textes putrescents et obscènes. On rouvre les yeux, on remet le disque du début parce que déjà on adore ça, on sait pertinemment qu’on est juste un peu plus sourd qu’auparavant et on entend exactement la même chose, c'est-à-dire une anti-musique forcenée jouée à fond les potards, une musique qui fait froid dans le dos et qui vous hérisse le poil. C’est violent, glauque, malsain, complètement taré et définitivement furieux. Et en plus on s’aperçoit qu’en fait de Load records, c’est Parts Unknown records qui a assuré la sortie de ce Born Pregnant.
Tout comme leurs collègues de Pygmy Shrews qui se colletaient une forte odeur de sperme et alors que ces jeunes gens viennent tous du même endroit (Brooklyn, New York City, ça vraiment plaisir de constater que la grosse pomme est encore capable d’engendrer autre chose que des groupes aussi pitoyables qu’Animal Collective, les Liars ou les Strokes), les trois Drunkdriver ne portent aucune trace de prétention arty/prout prout ni ne jouent avec le mauvais goût et l’indécence : Drunkdriver est le mauvais goût qu’il te reste dans la bouche un lendemain de beuverie sans nom – uppers, alcohol selon le même petit texte déjà mentionné de Michael Berdan – et l’indécence on ne comprend plus vraiment ce que cela pourrait bien être après une telle démonstration de non-retenue et de persévérance à œuvrer dans le mal. Pour preuve, Cure For The Common Cold, un huitième et dernier titre dépassant largement les dix minutes – un titre lent, répétitif, halluciné et braillé, comme une ultime décharge de chevrotines dans la tête (mais puisque tu as mal visé tu n’es pas mort sur le coup, ces dix minutes et quelques c’est exactement le temps qu’il te faut pour goûter à ton agonie).