jeudi 10 décembre 2009

Sister Iodine / Flame Désastre























Initialement publié en LP par le label parisien Premier Sang, Flame Désastre, quatrième album du trio non moins parisien Sister Iodine, a été réédité cette année par les Editions Mego en format CD et avec deux titres bonus à la clef. Deux titres en plus : quel intérêt me demanderez vous ? Et bien je n’en trouve pas beaucoup. La musique de Sister Iodine dans sa version fin des années 2000 est tellement entière, monolithique et répétitive que le nombre de compositions importe finalement peu. Plus exactement, sur Flame Désastre, le groupe s’est contenté de deux grands types de morceaux : soit des titres martelés imposant des successions d’explosions industrielles et de saturations bruitistes (l’excellent You/Lacerate qui ouvre le disque ou bien Trope) soit des titres plus insidieux et remplis de brouhahas d’arrière-cour – ça grésille, ça interfère et ça court-circuite avant de repartir dans le grand n’importe quoi bruitiste mais il reste toujours ces percussions tribales qui servent de fondement à un attentat sonore en bonne et due forme et à un programme non encadré de maltraitance de guitares qui donnerait mal au cœur et ferait de la peine même à Stephen Mattos (Napalmée).
De réelles variations il ne faut guère en attendre sur Flame Désastre, hormis – tiens donc – celles perpétrées par les deux titres inédits (Lava Junkie et K) qui présentent des aérations certaines dans un disque claustrophobe et misanthrope où sifflements suraigus et sursaturés font la loi. Sur Lava Junkie ça glandouille même un peu trop à mon goût dans la facilité et le remplissage, rappelant à qui avait bien voulu s’y risquer à l’époque qu’Eric Fernandez et Erik Minkkinen (les deux guitaristes de Sister Iodine) s’étaient aussi largement fourvoyés dans des expériences électroprouts pas très intéressantes (Gescom). Mais on oublie rapidement ces deux interludes presque sympathiques et humains et on se concentre sur tout le reste c’est à dire sur l’agression systématique des sens. Là aussi on pourrait objecter que remplissage et facilité il y a, sauf que cela fonctionne à plein régime – et évidemment à très fort volume – malgré le côté systématique des moyens employés et des effets engendrés : oui ça fait toujours beaucoup de bruit, oui c’est vraiment la guerre, la fin du monde, l’éclatement généralisé des boites crâniennes et la négation de toute forme un peu construite de musique. On aime ou on déteste, tout dépend de son niveau de masochisme et/ou d’isolement caractériel. Flame Désastre est donc élu haut la main et loin devant tout le monde disque numéro un dans la catégorie objet nihiliste et jusqu’au-boutiste pour cette année 2009. Avis aux amateurs et les autres, qu’ils aillent se faire foutre.