lundi 13 février 2012

Verdun / The Cosmic Escape Of Admiral Masuka




Du lourd et du lent. De l’inexorable, de la simplicité, de l’efficacité, de la tripaille et du vrai directement dans le coin de la gueule : VERDUN a un nom guerrier et funeste mais ne sombrons pas trop dans les métaphores ou autres comparatifs trop faciles et trop réducteurs. Le groupe – ils sont cinq et sont originaires du côté de Montpellier – allie robustesse de la rythmique, force des riffs et chant possédé avec un aplomb digne d’un groupe de hardcore qui aurait choisi comme seule ligne de conduite possible de ne se poser absolument aucune question. Seulement voilà, Verdun n’est donc pas un groupe de hardcore mais un groupe de doom c'est-à-dire qu’il joue vraiment très lentement et vraiment très épais, qu’ici non seulement c’est l’obscurité et le poisseux qui priment mais qu’en plus le matraquage est en format mastodonte option cinémascope brutal et sans pitié. Le tout noyé sous une bonne couche de delay. Direct mais pesant. Précis et appuyé.
The Cosmic Escape Of Admiral Masuka est un EP (une trentaine de minutes) ne comportant que trois titres qui fleurent bon le parfum d’occultisme et la sueur du démon – sur la pochette le lettrage de la lettre T est remplacé par des croix à l’envers – et d’une originalité qui tient sans doute à peu de choses mais encore eût-il fallu y penser et surtout encore eût-il fallu être capable d’y arriver : comme le groupe aime lui même à le dire, Verdun ne veut s’embarrasser de rien et arrive à s’accommoder de références parfois très lourdes auxquelles le groupe rend au contraire totalement hommage et honneur – sur le riff récurrent du passage d’intro de Last Man Standing puis sur celui du génial passage presque en accéléré de Jaxa on ressent carrément toute l’importance que peut avoir un groupe tel que Electric Wizard dans la musique de Verdun – tandis que l’excellence de l’instrumentation ne laisse apparaitre qu’une seule et unique évidence, incontournable, celle que les cinq Verdun jouent ensemble comme un seul homme. Belle cohésion, belle brutalité collective.
On note également des passages plus atmosphériques et même un chant clair à l’opposé de toutes compromissions de pedzouille ou qui voudrait se donner l’air acceptable au plus grand nombre ainsi que – de manière assez surprenante et quoi que Verdun cite Hawkwind comme influence – une touche de psychédélisme spatial (encore et toujours Last Man Standing et Jaxa) qui finit d’en rajouter une couche question étrangeté et malaise ambiant.
Dernier gros point fort de The Cosmic Escape Of Admiral Masuka, ce son assez colossal et vibrant. Le disque a assurément été enregistré et mixé par des mains expertes, en tous les cas des mains et des oreilles qui ont compris la musique du groupe et ont su donner des contours et un contenu sonore à la hauteur des compositions de Verdun. The Cosmic Escape Of Admiral Masuka est publié par Head records au format CD et dans un digipak bien réussi – Throatruiner records s’est occupé de l’édition cassette.




Et puis, même si on l’avait déjà annoncé, l’occasion est trop belle pour ne pas en rajouter une couche : Verdun est en tournée et la date lyonnaise aura lieu le 18 février en compagnie de Morse et de Quartier Rouge, tout ce petit monde sera entassé dans la cave des Capucins, sur les pentes de la Croix Rousse. Tous les détails de ce concert apparaissent en cliquant sur le flyer ci-dessus (surtout ne vous gênez pas)