Hazel-Rah est le projet de Tim Byrnes – compositeur, claviériste, trompettiste et chanteur de son état –, un musicien que certains d’entre vous ont peut-être déjà entendu au sein de formations aussi diverses et variées que Tartar Lamb et Kayo Dot (toutes les deux en compagnie de Toby Driver) ou de PAK (avec le génial Ron Anderson) et même aux côtés du jazzman expérimentateur Anthony Braxton. Ça vous situe un peu le bonhomme, non ? Hazel-Rah est la créature du seul Tim Byrnes en ce sens qu’il est seul à penser et composer la musique du groupe et qu’il en est également le seul membre permanent. Depuis 2007 Hazel-Rah a ainsi connu de nombreuses formations différentes, allant du simple duo au big band et pour entendre quelques extraits des différentes incarnations du groupe rien ne vaut une petite visite en bonne et due forme du côté de la page soundcloud d’Hazel-Rah.
The Africantape EP est le premier enregistrement officiel d’Hazel-Rah, sous la forme de deux longs titres gravés sur un joli 10 pouces. A ce moment là le line-up du groupe était le suivant : Tim Byrnes évidemment, Adam Minkoff à la guitare, Charlie Looker d’Extra Life à la guitare également et David Andrew Moore à la batterie. Prédominance des guitares en mode déstructuré, batterie complexe voire carrément jazz, trompette en sous main (avec un son tellement trafiqué que l’instrument est parfois méconnaissable), du synthétiseur mais plutôt discrètement et un chant assez curieux, à la fois nasal et lyrique. Ce chant est peut être l’élément le plus difficile à encaisser du disque, non pas qu’il soit complètement hors-normes mais au contraire parce qu’il ne l’est peut-être pas tout à fait suffisamment – surtout sur la première face du disque, Behold, A Firewall. Evidemment c’est Tim Byrnes qui chante et non pas Charlie Looker et s’il y a parfois quelques similitudes, on peut regretter que le leader d’Extra Life n’ait pas pris un peu plus l’ascendant : sa façon si précieuse de chanter, ses tonalités moyenâgeuses et son vibrato lyrique aurait donné encore plus d’étrangeté à la musique d’Hazel-Rah.
Si le chant est donc perfectible, tout le reste se passe largement de critiques. Behold, A Firewall tout comme Stars rappelleront le meilleur du rock progressif – non, ne partez pas ! – mais pas celui qui s’étale à longueurs de démonstrations pénibles et masturbatoires mais celui qui fait appel avant toutes choses à l’imagination, la fantaisie et l’humour… on peut penser à la (pseudo) école de Canterbury, à Soft Machine (les guitares en moins, évidemment, quelque part entre Volume Two et Third) et à leur descendance tel que le Cheer Accident de Thymme Jones. La musique d’Hazel-Rah est brillante mais évite toute flamboyance car elle puise également une certaine sécheresse voire une tension accrue dans le son des musiques actuelles, option noise et metal – ce n’est donc pas un hasard si c’est Colin Marston (Behold… The Arctopus, Dysrhythmia, Krallice, Gorguts, etc) qui s’est occupé de l’enregistrement, il a réussi à donner un vrai tranchant à la musique d’Hazel-Rah.
Comme son nom l’indique The Africantape EP est publié par Africantape et augure très bien de la suite. La suite c’est un album complet à paraitre pour la deuxième moitié de l’année. Et on se surprend également à espérer qu’Hazel-Rah fera bien partie de la programmation de la deuxième édition du Festival Africantape qui se tiendra les 7, 8 et 9 décembre 2012 au Magasin 4 de Bruxelles…