Initialement il n’était absolument pas prévu que ce disque de Kim Phuc soit chroniqué ici. Pourquoi ? Tout simplement par manque de motivation et, disons-le, d’intérêt. Comment ? Manque de « motivation » et d’« intérêt » ? Oui… c’est exactement ça. On ne niera jamais que Copsucker possède d’indéniables qualités, cet album en cumule même nettement plus que la moyenne mondiale, mais voilà, on finit tout de même par s’ennuyer ferme à l’écoute d’un disque certes bien foutu mais terne et d’une gentille banalité.
Alors reprenons du début. Kim Phuc est un groupe de branleurs – mais ça, déjà, c’est un point très positif – originaire de Pittsburg dans le Massachussetts (on s’en fout) et qui a publié une bonne petite volée de singles entre 2008 et 2009 avant de sortir son premier album en 2011 sur le label Iron Lung. Les grincheux auront évidemment remarqué que trois des dix titres de Copsucker sont déjà disponibles sur les trois premiers singles de Kim Phuc. Les complétistes mono-maniques qui ont déjà tout de Kim Phuc (même la première démo de 2007) ricaneront parce qu’il reste tout de même six titres édités en single qui ne sont pas sur le LP. L’écrasante majorité silencieuse qui elle ne connaissait pas Kim Phuc il y a moins de deux mois s’en moquera par contre éperdument : elle vient de découvrir un nouveau groupe et elle va pouvoir l’apprécier (ou non).
Kim Phuc est un bon petit groupe. Un bon petit groupe de punk rock un rien pantouflard et mollasson – on a déjà employé le mot « terne » mais il convient très bien, comme pour qualifier cette pochette qui dit tellement rien qu’elle ne dit rien de bon –, un groupe qui c’est vrai sait torcher des compositions au dessus de la moyenne. L’entrée en matière du disque, la doublette Animal Mother/Local Round-Up laisserait présager du meilleur, malgré un défaut patent d’originalité. Mais l’originalité en 2012 en matière de musique est une discussion complètement hors-sujet et aussi pertinente que la multiplication des reformations de groupes merdiques du siècle dernier. On s’attache donc à la montée de tension de Animal Mother/Local Round-Up et on veut bien se laisser faire, malgré ce plan totalement ridicule et à côté de la plaque à la guitare alors que les compteurs atteignent 3 minutes et 20 secondes. Là on comprend que Kim Phuc est un groupe gentillet qui joue syndicalement de la musique de vieux et doit très certainement figurer dans la catégorie des groupes sympathiques que l’on a plaisir à voir en concert entre deux bières mais qui ennuie à la longue.
Et l’ennui est le cancer de toutes les compositions de Copsucker : souvent elles commencent vraiment très bien (Equinox par exemple), elles font relever l’oreille dans le bon sens mais rapidement elles se plantent, victimes du ronronnement assourdissant de la normalité des classes moyennes et des pères de familles. Car presque tout ici est moyen. Par contre s’il y a une chose de réellement consternante chez Kim Phuc et dans Copsucker, c’est la banalité lénifiante des lignes de basse. S’il y en a une autre ce sont ces pseudos gratouillages de guitares – tel celui de Animal Mother/Local Round-Up – or on les retrouve sur deux titres sur trois. Mais jamais rien pour remonter le niveau et pour permettre à Copsucker de tutoyer les sommets. Comme un film du dimanche soir à la télé.
Copsucker est en écoute intégrale sur la page bandcamp d’Iron Lung. Après on peut toujours se procurer ce LP au même endroit mais je tiens à vous prévenir : seuls les winners imbus d’eux-mêmes et dans mon genre ont déjà pu se procurer l’un des 100 premiers exemplaires du disque, exemplaires fondus dans un plastique blanc à peine marbré de gris.