Interrogeons-nous un peu sur ce qu’est un esprit supérieur et visionnaire. C’est quelqu’un qui prévoit – même sans l’annoncer très clairement, ce qui peut parfois porter à confusion ou favoriser le charlatanisme – une catastrophe imminente mais quelqu’un que personne ne prend bien sûr au sérieux : une fois que les faits sont avérés il est souvent trop tard pour y remédier alors pour se donner bonne conscience on célèbre celui ou celle qui le premier a eu l’illumination et avait tenté à sa modeste façon d’en faire part au reste de l’humanité en déroute.
Maintenant regardez moi donc ce magnifique flyer exécuté imaginé par un artiste dont on taira le nom : on comprend tout de suite que les anglais de Shield Your Eyes jouait en concert à Lyon au Tostaki le 06 février 2012, non ? Clarté du message, représentation humoristique mais adéquate de celui-ci et – donc – annonce de la venue de l’un des meilleurs groupes anglais du moment. Du beau boulot. Or on remarque seulement au bout de quelques minutes un petit dégueulis sur la droite, un petit dégueulis dégoulinant qui prend la forme des lettres composant le nom du groupe Baton Rouge. La première partie du concert, en déduit-on.
Malheureusement Baton Rouge – groupe formé de quatre membres de Daïtro sur cinq, faut-il le rappeler – a du annuler presque à la dernière minute ce concert mais l’organisateur de la soirée, Bigoût records, a su promptement et efficacement lui trouver un remplaçant : Moms On Meth. Certains regretteront l’annulation des premiers, d’autres se réjouiront de la participation des seconds et quant aux hypocrites dans mon genre, ils ne manqueront pas de faire remarquer après coup que l’écriture cryptique de nom « Baton Rouge » sur le flyer officiel du concert était déjà porteur de la désaffection du groupe. Comme une malédiction qui ne porte pas son nom. Une preuve ? Très bien. Concentrez-vous sur ce flyer, plissez les yeux si nécessaire, et vous verrez apparaitre au bout de quelques heures le nom de MOMS ON METH. Voilà.
En fin d’année dernière Shield Your Eyes a publié Volume 4, son quatrième et meilleur album à ce jour. Ces anglais sont très productifs puisqu’ils ont réussi à enregistrer un l’album par an ces quatre dernières années tout est enchainant les tournées. Premier constat pour ce concert au Tostaki : le groupe a encore (provisoirement ?) changé de bassiste – c’est un peu la malédiction de Shield Your Eyes – mais on peut reconnaitre le remplaçant en la personne de Dan Pederson qui a produit et enregistré Volume 4 en compagnie du trio l’hiver dernier. Un bon ami de Shield Your Eyes, donc, et qui plus est quelqu’un qui connait très bien le groupe.
Ensuite – et ce n’était pas qu’un effet de la sono désastreuse pour ne pas dire inexistante du Tostaki – le chanteur/guitariste Stef Ketteringham était moins en voix, évitait de trop (trop) forcer et faisait beaucoup moins d’acrobaties vocales. Entre ça et le fait que le dernier album de Shield Your Eyes est plus introspectif et toujours plus marqué par le blues, on a eu droit à un concert nettement plus bavard de la guitare de la part des anglais, avec de longues parties pendant lesquelles Stef Ketteringham s’en donnait à cœur joie question avalanche de notes, provoquant l’admiration de quelques amateurs de guitare présents dans le public. Il faut dire que le jeu du garçon est très spécial, son accordage aussi apparemment, il possède en tous les cas une façon de faire très étonnante.
Shield Your Eyes a donc joué dans un registre moins chaotique et frénétique – toutes proportions gardées, bien sûr –, délaissant partiellement le côté franchement barré, à la fois matheux et noise, auquel le groupe nous avait déjà bien habitués, pour quelque chose de plus maîtrisé peut être, en tous les cas de moins chien-fou.
Hormis un tout premier titre en forme de blues interprété seul au chant, à la guitare et à l’harmonica par Stef Ketteringham, le début du concert a fait la part belle aux titres les plus tordus de Shield Your Eyes avant de glisser rapidement vers les mid tempos, le blues, voire le blues rock, rappelant la grande tradition des années 60 et du Swinging London, sorte de Yardbirds en version noise. Une référence encore plus évidente lorsque Shield Your Eyes a repris le Young Man Blues de Mose Allison – un titre popularisé en leur temps par les Who. Un excellent concert quoi qu’il en soit et je suis sûr que Shield Your Eyes a gagné ce soir là quelques nouveaux fans.
Hormis un tout premier titre en forme de blues interprété seul au chant, à la guitare et à l’harmonica par Stef Ketteringham, le début du concert a fait la part belle aux titres les plus tordus de Shield Your Eyes avant de glisser rapidement vers les mid tempos, le blues, voire le blues rock, rappelant la grande tradition des années 60 et du Swinging London, sorte de Yardbirds en version noise. Une référence encore plus évidente lorsque Shield Your Eyes a repris le Young Man Blues de Mose Allison – un titre popularisé en leur temps par les Who. Un excellent concert quoi qu’il en soit et je suis sûr que Shield Your Eyes a gagné ce soir là quelques nouveaux fans.
En première partie il s’agissait (donc) de Moms On Meth. Mais Moms On Meth en version à quatre c'est-à-dire avec un seul guitariste, ce qui ne change pas grand-chose à la musique du groupe, fastcore de chez fastcore. Les Moms On Meth s’en sont donnés à cœur joie – mention spéciale pour le guitariste survivant amateur de pitreries et de grimaces – et musicalement le groupe est hyper au point.
Malheureusement, sono du Tostaki aidant, il était impossible d’entendre le chant d’Elizabeth, ce qui avait un côté très frustrant… Et c’était terriblement dommage car on sentait le groupe vraiment prêt à tout – j’attends de voir Moms On Meth une troisième fois en concert avant de pouvoir affirmer que le groupe est effectivement toujours prêt à tout… mais ce n’est pas l’envie qui m’en manque déjà.