Je ne suis pas réellement de mauvaise humeur – d’ailleurs ce n’est absolument pas mon genre de râler pour tout et n’importe quoi – mais pour commencer cette chronique du disque de La Partie Du Cerveau, je vais d’abord énumérer tout ce qui ne me plait pas du tout. Déjà le nom du groupe que je trouve d’un goût assez douteux – mais par définition tous les goûts sont dans la nature – et l’artwork de ce Surfaces qui refroidirait même un fan de hard rock progressif. Mais bon, des disques qui ne payent pas de mine, on en connait tous et certains se révèlent bon et pourquoi pas essentiels à nos petites oreilles délicates. Et puis j’ai toujours été nul en dessin et autres passe-temps d’ordre graphique totalement inutiles donc je ne vais pas trop la ramener non plus.
Un autre aspect très choquant à propos de Surfaces c’est le son de la caisse claire. Alors ça il classe, bien sec et tranché et je devrais adorer mais au contraire il m’irrite avec insistance, il y a quelque chose dans sa tonalité qui réveille en moi un agacement profond. Mais là encore ce n’est sûrement qu’un détail, des disques enregistrés avec les pieds j’en connais plein aussi – or on ne peut pas dire non plus que Surfaces le soit, de ce côté-là le disque de La Partie Du Cerveau sonne même extrêmement bien, il y a juste cette caisse claire horripilante à la longue et c’est peut être déjà beaucoup trop.
Bien plus grave le chant et pour être précis l’accent anglais du jeune homme qui s’occupe du micro (le bassiste je crois). C’est bien simple, moi qui parle langliche et laméricano aussi bien qu’une truelle montpelliéraine ou nîmoise, je comprends tout ce que raconte ce chanteur, surtout dans les passages où le chant passe en mode parlé. Ça coince sérieusement : il faut donc faire un effort presque surhumain pour passer outre cette difficulté de taille.
Je ne voudrais pas remuer le couteau dans la plaie – quoi que j’aime faire souffrir – mais ce chant a bien failli être rédhibitoire… Ce qui aurait été fort dommage car La Partie Du Cerveau et Surfaces, malgré toutes les réticences déjà exprimées et sur lesquelles on ne reviendra pas, sont dignes d’intérêt. Le plus remarquable à propos des cinq titres de cet EP, c’est le rythme général des compositions, toutes dans le mid tempo, faussement trainantes, réellement tendues, et qui donne au hardcore noise (appelons la musique de La Partie Du Cerveau comme cela, faute de mieux, mais si tu préfères « noise hardcore », c’est ton choix) une coloration particulière. On peut même affirmer que de ce côté-là Surfaces est l’un des disques les plus originaux à avoir été publié récemment dans le coin. Ce qui n’est pas une mince affaire.
La Partie Du Cerveau aime la lenteur mais pas trop la lourdeur : le mélange entre raideur asséchée et descente en apnée – on préfère penser que le groupe aime plonger tout droit devant lui plutôt que d’essayer de tutoyer des horizons plus atmosphériques – est vraiment très réussi, une alchimie contradictoire qui n’est pas sans rappeler, toutes proportions gardées, celle des deux premiers disques d’Ulan Bator. Sauf qu’ici le son est vraiment plus massif, plus hardcore (donc), sûrement parce qu’il a été mis en boite sous l’égide de M. Sylvain Biguet qui a déjà bossé avec Comity et dont on a surtout apprécié le travail avec Revok.
Les sentiments à l’égard de Surfaces sont donc très partagés. Mais ils tendraient à pencher du bon côté. La Partie Du Cerveau intrigue et inquiète, dans le bon sens du terme : on attend la suite avec curiosité et intérêt.