lundi 12 décembre 2011

Report : moTTo et Neige Morte au Sonic - 07/12/2011





Tiens, je vais vous parler un petit peu du Sonic – oui, ça faisait longtemps… Je résume et je vais faire court mais les pouvoirs publics se sont récemment aperçus, alors que la salle a quand même fêté son cinquième anniversaire au mois d’avril dernier, que le Sonic n’entrait pas dans les petites cases normatives fixées par les administrations françaises et/ou européennes ou, plus exactement, que le Sonic n’était pas du tout rangé au bon endroit. Quelque chose comme « ah mais non ça ne va vraiment pas, pour nous vous étiez uniquement un bar à tapas alors qu’en fait vous êtes un méga complexe/salle de concerts/boite de nuit/sauna/club cocktails/lieu de rencontres, etc. Pour un peu cette méprise serait uniquement de la faute de la petite équipe gérant le lieu alors qu’elle n’est évidemment due qu’à l’inconsistance – pour ne pas dire incompétence – des autorités concernées.
La conséquence directe de cette requalification c’est que le Sonic doit tout revoir au niveau des autorisations et des normes de sécurité. Précisément la visite du cabinet d’experts visant à déterminer les nouvelles normes auxquelles doit impérativement se plier la salle a eu lieu le mercredi 7 décembre. Et le verdict est tombé, complètement hallucinant : après mesure au centimètre près des accès qui mènent à la péniche abritant le Sonic et des accès intérieurs (passerelles, portes, largeur du bar, etc) la salle devrait voir sa jauge être considérablement révisée à la baisse, passant de 180 personnes à l’heure actuelle à… 75 personnes seulement. Oui, vous avez bien lu. Le Sonic ne pourra donc plus organiser de soirées (le nerf de la guerre), devra accueillir que des concerts de soixante-quinze personnes maximum (la guerre des nerds) et donc finira fatalement par fermer ses portes à court terme, faute de « rentabilité », on entend par là pouvoir accueillir suffisamment de monde pour espérer en vivre ne serait-ce qu’un tout petit peu.



J’apprends cette nouvelle en arrivant au Sonic, pour le concert du jour. Bien sûr rien n’est encore fait mais la menace est bien là, précise. Stupeur, profond dégoût, colère, haine. Bientôt à Lyon, pour assister à certains types de concerts et d’évènements, il ne restera que deux ou trois caves de bistrots, quelques arrière-boutiques de pizzerias, les squats délogés tous les trois mois et puis… et puis c’est tout. Ou presque. On attend toujours des bonnes nouvelles du Clacson et d’autres, tout aussi bonnes on l’espère, de Grrrnd Zero. Mais là, vraiment, je commence à ne plus y croire.
Je n’ai donc plus du tout vraiment envie d’assister au concert pour lequel je me suis déplacé ce soir. Et moTTo va en faire les frais. moTTo c’est un duo basse/batterie instrumental constituant également la section rythmique de Das Simple. Ça joue extrêmement technique, le bassiste est une vraie brute, balance plein de parties en taping et dialogue constamment avec le batteur, yeux dans les yeux, main dans la main, et pied au plancher (oui, quoi d’autre ?). Si j’admire un temps tout ce déballage de fureur calculée, je finis par regretter que moTTo ne me rentre pas plus dans le lard, ne me donne pas envie de crier ou de trépigner comme un jeune imbécile. Alors je fais mon vieux con, insensible et dédaigneux, je sors dehors pour fumer quelques cigarettes à la chaîne et établir un constat d’huissier en rapport avec un pari entre jeunes gens de mauvaise éduction et lié à une très hypothétique qualification de l’Olympique Lyonnais en ligue des champions au détriment du Dinamo de Zagreb.




Le groupe jouant ensuite n’est autre que Neige Morte qui fête ce soir la parution d’un split partagé avec The Austrasian Goat devant une petite poignée d’admirateurs et d’amis (plus quelques métalleux en bonne et due forme me semble-t-il). D’entrée – puisqu’il se lance tout seul dans une longue intro bruyante et déchirante – on apprécie le son bien plus abrasif qu’auparavant du guitariste : certains trouveront pourtant qu’il manquait à la fois de graves et d’aigus mais cela ne l’empêchait pas d’avoir un côté sale presque plus noise – dans le sens de noise rock, cette musique de vieux très appréciée pendant les années 90 – et franchement plus agressif et ample (finalement). On constate également que le batteur est désormais bien intégré au groupe, il s’entend bien mieux avec le guitariste et se montre complètement à l’aise, ce qui lui permet ainsi de déployer des trésors de puissance et d’efficacité (double pédale inside), ce qui n’étonnera pas toutes celles et tous ceux qui connaissent son autre groupe, Burne (tiens, encore un duo basse/batterie, tendance je te rentre dedans, à la différence de moTTo).
Résultat le concert de ce soir me semblera nettement plus frontal et dense que tous les précédents auxquels j’ai pu assister, à tel point que j’aurais même cette impression que Neige Morte a rallongé son set alors que l’on m’affirmera après coup qu’il n’en était rien. Un set pendant lequel le groupe oscille entre pétarades à la limite du crust et moment de pur chaos – c’est là qu’on s’aperçoit que la complicité entre le guitariste et le batteur est vraiment essentielle – pour un festival de déflagrations dangereuses et un vrai bain de haine musicale. Cette haine c’est surtout le chanteur qui la crache et il est vraiment ce soir au top de sa forme et de la tyrannie vocale. Il hurle comme un damné, fracasse son pied de micro, on s’attend à ce qu’il s’éclate par terre, pris de violentes convulsions, et qu’il arrache la carotide d’une personne du public à grands coups de dents mais tout ce passe bien, ce n’est que de la musique, comme une centrifugeuse qui vous colle contre les murs ou un souffle de puissance destructrice qui vous assaille. Une énorme sensation.