C’est dimanche et on s’emmerde. C’est dimanche et en plus… en plus vous avez vu quel jour on est exactement ? Oui, c’est Noël. Alors 666rpm va faire un suprême effort pour conjurer le mauvais sort et tenter d’amuser les enfants et les petits vieux : cela fait plusieurs mois que nos services Loisirs Faciles & Indécence Partagée ont reçu un exemplaire en vrai et en dur du LP de René Binamé, un LP intitulé The Leipzig Band Battle Session. Ici, on se demandait sérieusement ce que l’on allait bien pouvoir faire et surtout dire d’un tel disque. Quoi ? Vous ne connaissez pas René Binamé ? Moi non plus, enfin pas vraiment… disons que durant les longues années pendant lesquelles j’ai été plus ou moins obligé de côtoyer des post-alternos cynophiles et amateurs de chansonnettes, j’ai tout fait pour éviter le sujet.
Mais comme je ne suis absolument pas contre les tests en laboratoire sur des animaux vivants, j’ai décidé de faire écouter The Leipzig Band Battle Session à ma progéniture, sans la prévenir de quoi que ce soit, bien évidemment. Ce disque sera mon disque de Noël pour toute la famille ou ne sera pas. Mais avant une précision importante : The Leipzig Band Battle Session est constitué uniquement de reprises, suite à un pari/concert où le groupe s’était vu imposer une playlist de/pour débiles. Voilà qui pourrait être amusant. Un rapide coup d’œil sur les titres enregistrés par René Binamé en studio une fois la grosse poilade du concert terminée ne m’apprend pourtant pas grand-chose, heureusement qu’après la mention des titres repris a été rajoutée celle des groupes ou chanteur qui les avaient originellement interprétés : Donna Summer, Gloria Gaynor, Elton John, Samantha Fox… que du très (très) lourd.
Curieusement le disque est divisé en deux : la première face comporte surtout les titres les plus rapides et la seconde les titres les plus lents voire mélancoliques. Diantre ! A mon sens René Binamé se plante complètement sur cette face B car il est impossible d’être à la fois vraiment drôle et aussi sérieux – et puis quelle idée de reprendre Princess Of The Dawn d’Accept alors qu’il y a tant d’autres hymnes incommensurablement bouseux chez ces teutons retardés ? Et même plus, pourquoi ne pas avoir carrément repris du Judas Priest ou – encore mieux – du Mötley Crüe (je rappelle qu’aujourd’hui c’est dimanche et qu’en plus c’est Noël) ? On passe également sur Enola Gay, fausse bonne idée par excellence. En début de face A, Could It Be Magic ratisse quelques suffrages et en fermant les yeux on y verrait presque une ramonade. Je survivrai* et I’m Still Standing (mouhaha hahaha, j’avais complètement oublié ce clip de merde, vive les années 80) suivent à peu près le même chemin mais pas La nuit de ce cher Adamo ni Quand Revient La Nuit de qui-vous-savez. A croire que le mot « nuit » ça ne fait pas très fêtes de fin d’année.
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Bon, maintenant, il faut que je dise enfin toute la vérité : je n’ai jamais eu aucun penchant pour les dindes. Et même, je n’ai jamais eu aucun humour. Je remercie évidemment le label de m’avoir envoyé The Leipzig Band Battle Session en même temps que l’album In Case Of Fire Break Glass de Two Pin Din, mais franchement ce n’était pas la peine.
Mais parce qu’aujourd’hui c’est dimanche et qu’on s’emmerde, parce qu’aujourd’hui c’est aussi nowel et que c’est encore pire, pour mettre un peu de baume au cœur de toutes celles et tous ceux qui soutiennent René Binamé depuis des années contre l’avis négatif du premier crétin venu doté d’un ordinateur, d’une connexion internet et qui en plus se prend pour un critique d’art, pour contrebalancer cet avis éminemment défavorable et pour égayer provisoirement l’avenir de millions de familles qui arrivent encore à se tenir chaud entre elles au sein d’un douillet foyer en attendant les effets du chômage de longue durée, de la banqueroute alimentaire ou de la fin du monde, je laisse la parole à ma plus jeune collaboratrice au sein de l’équipe rédactionnelle de 666rpm, spécialiste depuis un peu plus de six ans de la vraie vie en rose : « René Binamé c’est très mauvais mais c’est aussi super rigolo ». OK. Sans rancune.
* mais pas trop longtemps, hein…