Allez, on se le fait ce troisième album d’HTRK ? Annoncé par un très bon 12’ avant-coureur, Eat Yr Heart b/w Sweetheart, le troisième et nouvel album d’HTRK s’intitule Work (Work, Work) et est disponible depuis le début du mois d’Octobre chez Blastfirst Petite et Ghostly International. Après bien des écoutes répétées et attentives, on a malheureusement fini par admettre que l’on aurait pu/du se contenter du maxi éclaireur en lieu et place d’un album qui n’arrive pas à convaincre totalement. Il faut dire aussi qu’il faut se fader une espèce d’intro assez ignominieuse (Ice Eyes Eis, constellé de samples de porno en allemand) et d’un deuxième titre très faible, Slo Slo, lorgnant du côté du trip-hop le plus synthétique possible et se terminant par un fade-out absolument ridicule. L’excellent et vampirique Eat Yr Heart arrive enfin en troisième position et c’est tant mieux, sauf que ce titre là, on le connait déjà, et pour cause.
Que se passe-t-il donc avec Work (Work, Work) ? On apprécie pourtant la quasi disparition des guitares noisy, shoegaze ou cold – même si parfois on les regrette un tout petit peu – au profit de sons de synthétiseurs d’un 80’s comme ce ne devrait plus être permis. On admet alors que seuls les vieux schnocks un brin nostalgiques et les jeunes péteux qui redécouvrent le monde des corbeaux en se coiffant en pétard avec une jolie mèche devant les yeux sont les seuls à pouvoir être sensibles à cette esthétique d’un autre âge et qui apparait ainsi terriblement daté. Comme je fais partie de la catégorie « vieux schnock » précitée et que j’aime ça, j’accepte les conditions esthétiques et draconiennes d’un disque qui ne peut même plus avoir d’âge tellement il semble anachronique.
Arrivé à ce niveau de perception, on s’intéresse alors aux compositions en elles-mêmes. Et là, c’est la pure catastrophe. Bendin’ est au mieux un nouvel exercice trip-hop, Skinny est plombé par une guitare (?) sonnant comme une pétarade de Gremlins en pleine indigestion, Synthetik est un peu trop longuet, Poison ne nous épargne pas des effets sonores dignes d’un Eric Serra sous prozac (dommage car le reste est plutôt bien) mais la fin du disque relève le niveau grâce au tiercé gagnant composé de Work That Body, Love Triangle – pourtant très guimauve new-wave – et Body Double. Cela n’empêche pas cette désagréable impression d’écouter une musique qui tient avant tout de l’ectoplasme de s’imposer toujours plus au fil des écoutes, comme une imitation ratée d’un truc déjà pas génial à l’origine.
Aux dernières nouvelles les deux membres survivants d’HTRK sont toujours à Berlin, revisitent un folklore qui n’existait déjà plus lorsqu’ils sont nés – ah! il ne faut pas regarder très longtemps les photos, vidéos et extraits de concert relatifs à Work (Work, Work) pour ne pas éclater de rire devant tant d’apprêt prétentieux et de ringardise pour hipsters en mode bloc de glace – et développent des thématiques autour de la jeunesse volée et de la frustration qui ressemblent plus qu’autre chose à des postures de petits bourgeois qui essayent de s’emmerder sec quoi qu’il arrive. Finalement, seul le suicide du bassiste Sean Stewart semble coller avec l’atmosphère en caoutchouc extrudé à froid de Work (Work, Work) mais on n’y croit plus, devant tant de dévotion kitsch, et – qui plus est – cela ne nous regarde pas. Les espoirs placés dans Eat Yr Heart b/w Sweetheart sont donc largement mis à mal – et on pensait les membres de HTRK bien plus sensés que ça. Ils ne sont donc que prétentieux.