HTRK bouge encore. Les australiens (basés à Berlin) s’apprêtent à publier leur troisième album, intitulé Work (Work, Work) via Blastfirst Petite et Ghostly International – tout dépend de quel côté de l’océan Atlantique on se trouve. Un disque principalement enregistré au cours de l’année 2008 et finalisé que récemment… On sait que HTRK a toujours eu du mal avec les délais : le premier album, Nostalgia, avait été enregistré à l’arrache entre 2004 et 2005 pour ne paraitre que tardivement, en 2007, tandis que le deuxième album, Marry Me Tonight, avait du attendre 2009 alors que son enregistrement datait déjà de l’hiver 2006, en compagnie du regretté Rowland S. Howard en guise de producteur*. HTRK aurait voulu avoir l’air d’un groupe je-m’en-foutiste, branleur et maudit voire méprisant qu’il ne s’y serait pas pris autrement. La morgue et la froideur calculées du groupe en concert n’arrangeant rien à l’affaire, c’est-à-dire la prétention et l’incommunicabilité quasi insupportables d’une musique spectrale et réfrigérante au plus haut point – rappelons que HTRK signifie « hate rock » et qu’à ses débuts le groupe s’appelait Hate Rock Trio, ce qui est aussi le titre de la première chanson de Nostalgia.
Mais il y a une autre raison à ce énième retard, le suicide du bassiste Sean Stewart en mars 2010. Difficile de passer outre : comme Sean Stewart a activement participé à l’enregistrement de Work (Work, Work), il est mentionné de partout, avec cette lugubre mention RIP, mention que l’on retrouve bien sûr au verso de Eat Yr Heart b/w Sweetheart, un maxi lancé en éclaireur de l’album par Ghostly International (un beau vinyle bien épais et limité à 350 exemplaires numérotés).
L’histoire se répète : il est fort probable qu’il n’y aura à nouveau rien de plus populaire (et de vendeur ?) qu’un musicien, un groupe ou un chanteur après une mort tragique. On ne devrait cependant pas trop soupçonner le groupe de jouer avec toute cette histoire. Il ne risque pas d’en rajouter beaucoup plus, ayant depuis longtemps atteint les limites de la mélancolie dépressive. Car rien n’a changé ou presque du côté de la musique de HTRK, mélange de cold wave et de post punk robotique mais sale avec de forts accents de shoegaze noisy et même parfois proto synthétiques. Tout était déjà sur Nostalgia puis Marry Me Tonight. Rien ne semble avoir changé non plus pour le groupe qui continue malgré tout, donne des concerts à deux devant des projections abstraites sur écrans ou dans une obscurité quasi complète. La froideur, l’absence de communication appuyée, le mur de glace et les frissons d’effroi (ou de dégout, puisque HTRK arrive très bien à déchainer des passions on ne peut plus hostiles à son égard) sont toujours là.
Plus que jamais ? Oui, sans doute… quoi que ce « plus que jamais » dépend avant tout de la perception de l’auditeur par rapport à la mort de Sean Stewart, exacerbant – ou non – la fascination morbide pour un groupe de zombis d’apparence handicapés affectifs. Sur la première face du disque Eva sert de courte introduction à Eat Yr Heart, bonne composition un rien lascive de HTRK et s’inscrivant dans une veine plutôt électronique. Sur la seconde face le groupe reprend Sweetheart, du très décrié deuxième album de Suicide… Un choix qui fera ricaner les détracteurs de HTRK tant il semble cousu de fil blanc et d’intentions malsaines** mais un choix qui ravira les fans et les amoureux du groupe tant la version que donne HTRK de Sweetheart, plombée et cristallisée, s’inscrit parmi les meilleurs enregistrements du désormais duo. Ce maxi est un excellent présage pour la suite, Work (Work, Work) bien évidemment***, mais on scrute déjà l’après de cet album : si la logique désordonnée du groupe est pleinement respectée, HTRK doit d’ores et déjà travailler sur un éventuel quatrième album.
Plus que jamais ? Oui, sans doute… quoi que ce « plus que jamais » dépend avant tout de la perception de l’auditeur par rapport à la mort de Sean Stewart, exacerbant – ou non – la fascination morbide pour un groupe de zombis d’apparence handicapés affectifs. Sur la première face du disque Eva sert de courte introduction à Eat Yr Heart, bonne composition un rien lascive de HTRK et s’inscrivant dans une veine plutôt électronique. Sur la seconde face le groupe reprend Sweetheart, du très décrié deuxième album de Suicide… Un choix qui fera ricaner les détracteurs de HTRK tant il semble cousu de fil blanc et d’intentions malsaines** mais un choix qui ravira les fans et les amoureux du groupe tant la version que donne HTRK de Sweetheart, plombée et cristallisée, s’inscrit parmi les meilleurs enregistrements du désormais duo. Ce maxi est un excellent présage pour la suite, Work (Work, Work) bien évidemment***, mais on scrute déjà l’après de cet album : si la logique désordonnée du groupe est pleinement respectée, HTRK doit d’ores et déjà travailler sur un éventuel quatrième album.
* on se rappelle même que Jonnine C. Standish avait interprété (I Know) A Girl Called Jonny en duo avec Rowland S. Howard en ouverture de Pop Crimes, l’ultime album de celui-ci
** avec des paroles qui répètent à l’envie I Love You/I Love You
*** un disque dont on reparle ici dès que possible