dimanche 28 août 2011

Baby Fire / No Fear






La première fois que la machine à musique a goulument avalé ce CD promo et que soudain la musique de Baby Fire s’est mise à retentir dans toute la maison, la mère de mes enfants – qui pourtant sait pertinemment que la musique c’est avant toutes choses une histoire de mecs et rien d’autre – a cru bon de pointer le bout de son nez hors de la cuisine pour me demander s’il ne s’agissait pas du nouvel album de P.J. Harvey. Voilà, en résumé, tout le drame de ce disque.
Tout dans No Fear – une production Cheap Satanism records – fait en effet inévitablement penser à mademoiselle Polly – je veux dire la Polly Jean Harvey de Dry et de Rid Of Me, quand elle ne faisait pas encore de la musique de fillette –, depuis la forme des compositions jusqu’au son de la guitare en passant par le timbre de la voix et la façon de chanter. Sauf que la chanteuse/guitariste de Baby Fire s’appelle en fait Diabolita et qu’elle n’est pas accompagnée d’une rythmique velue et puissante mais d’une batteuse répondant au nom de Cha. Autant vous dire que musicalement Baby Fire c’est du minimalisme de chez minimalisme et qu’il ne faut pas très longtemps pour comprendre où ces deux jeunes filles veulent en venir.
Pris d’un sursaut d’orgueil bien naturel, je décidais aussitôt de réserver à Baby Fire et à ce No Fear le traitement mérité par toute femelle se permettant d’outrepasser ses droits et ce d’autant plus que la mienne de femelle avait tendance à trouver ce disque foutrement bon et qu’il n’est bien sûr absolument pas tolérable que nous soyons d’accord, elle et moi, en matière de musique – il va sans dire également qu’elle a toujours tort avec ses goûts de merde alors que bien sûr j’ai toujours raison avec les miens.
Et bien je n’ai pas pu. Car, pour une fois arrêtons les conneries, Baby Fire, malgré cette affiliation envahissante, est un bon groupe, je suis bien obligé de l’admettre... Le problème de No Fear, c’est qu’il est un peu trop long et que l’on frôle plusieurs fois la lassitude avant d’atteindre l’écoute du seizième titre. Sinon, rien à redire, donc, et surtout pas à propos de ce son de guitare d’une pureté noisy à faire bander et mouiller la terre entière, y compris les amateurs de femmes de chambre guinéennes. Le songwriting est à l’avenant, c'est-à-dire imaginatif et cohérent et – à moins d’être allergique aux vieux albums de P.J. Harvey (donc) – il n’y a aucune raison de détester ça. On notera au passage que les influences citées par le duo dans la sacrosainte feuille biographique jointe avec le disque sont drôlement étonnantes, à tel point que l’on en vient à se demander si les deux filles de Baby Fire ne l’ont pas fait exprès pour brouiller les pistes, je cite : « Girlschool, Metallica, Siouxsie & The Banshees, Mr Bungle, Ches Smith et les Pixies »…quoi que l’excellent Bunny ait effectivement un petit côté early Siouxsie avec cette façon vindicative d’aller de l’avant.
Ah oui, juste une dernière précision : parfois un peu de thérémine vient agrémenter l’aridité de No Fear et surtout Eugene Robinson vient pousser la chansonnette sur Bureau D’Echange Du Mal II : Dust Soup… sacré Eugene.

[cette chronique machosexiste et rétrograde ne vous a pas convaincus ? et bien allez faire un tour sur le Soundcloud de Baby Fire, puisque vous savez bien que la vérité, cela n’existe pas]