lundi 29 août 2011

TeTsuo Big Band

Pour une fois, on va parler d’un DVD… mais d’un DVD de concert hein, pas d’un film ouzbek ou sud-coréen classé Art & Essai par le Centre National du Cinéma. Un concert filmé, donc, ce genre d’occupation qui consiste, bien callé dans son fauteuil ou sur son lit, à regarder une bande d’énergumènes tenter de faire de la musique ou à l’opposé de gesticuler en playback sur une scène ou ailleurs.
Et il n’y a pas trente six solutions : regarder un concert en DVD c’est soit de la nostalgie, soit du masochisme. De la nostalgie parce qu’on regarde un groupe que l’on n’a jamais vu en vrai et que l’on ne verra jamais tout simplement parce qu’il a splitté bien avant que l’on naisse et donc on essaie de se rattraper ainsi mais bien évidemment cela ne peut pas fonctionner*. De la nostalgie encore parce qu’au contraire on y était à ce putain de concert, qu’il a été filmé exprès par quatorze caméras haute définition reliées par ordinateur et que l’on n’attendait que ça, de pouvoir acheter le DVD, comme pour pouvoir affirmer à la terre entière qui s’en fout royalement que « oui j’ai acheté ma place de concert 80 euros, j’ai aussi acheté le t-shirt à 40 euros et maintenant j’ai trouvé l’édition collector du DVD de ce concert pour seulement 30 euros »**. Du masochisme, enfin, parce que regarder un concert sur un écran, il n’y a rien de plus pénible et de plus impossible. Je ne parle même pas de frustration, non, juste d’ennui. Bâillements.



C’est pourtant bien un DVD que nous propose A Tant Rêver Du Roi. Le DVD d’un petit concert***, un concert de TeTsuo, un groupe originaire de Pau (comme le label) et qui joue une sorte de cabaret rock aux accents free jazz et fanfare d’empoigne. Là où, pour une fois, le DVD a un quelconque intérêt c’est que TeTsuo apparait sur scène en formation big band, avec de nombreux musiciens invités – contrairement aux disques studio sur lesquels TeTsuo se révèle être un duo, deux disques que je n’ai encore jamais écoutés. Une fois que l’on en a compris le principe, on peut aussi également choisir d’écouter ce DVD sans forcément en regarder toutes les images, pour ne se fier qu’à la musique, ce que j’ai effectivement décidé de faire, et en profiter pour faire la vaisselle et ranger l’appartement, ce dont j’étais forcé par ailleurs. De toutes façons, cela revenait au même car je finis toujours par fermer les yeux lorsque je regarde un concert filmé, le tout étant donc de ne pas m’endormir. Et ne pas m’endormir a finalement été une tâche plutôt aisée.
Rien à dire sur la coloration arty show/cabaret/flonflon/magic circus/tournée générale aux frais du patron de ce concert et ce bien que je ne sois guère friand de fêtes foraines, y compris lorsque elles sont placées sous l’égide de Kurt Weill, de Tom Waits, de Jérôme Savary ou de De Kift – le côté théâtral dans la musique, la comédie musicale bavaroise pour les punks, ce n’est pas réellement mon genre. Mais écouter ce DVD sans le regarder s’est révélé être une petite erreur : le TeTsuo Big Band fait bien partie de ces groupes qui vous font passer un bon moment en live, vous donnant une bonne suée et l’envie d’en boire une dernière avant la dernière et d’embrasser votre voisine (votre voisin). Alors, pour que la fête soit réellement complète, il fallait regarder sur l’écran pour comprendre ce qui se passait sur scène, tant pis pour tout ce qu’on avait prévu de faire en même temps, tant pis si on avait les mains prises****. Et là, tout s’est subitement éclairé. Et surtout ce DVD m’a donné l’envie d’écouter les disques de TeTsuo en tant que duo, Cousu Main entre autres, un album que TeTsuo a publié en 2009 (toujours chez A Tant Rêver Du Roi). Je n’aime toujours pas les DVD de concerts car ils me mettent systématiquement dans l’embarras mais celui-ci m’a quand même permis de découvrir un groupe et voilà bien le principal.

* il n’y a même rien de plus frustrant qu’un DVD tel que Pleasure Heads Must Burn de Birthday Party (par exemple)
** alors que pendant tout le concert on était tellement loin de la scène que l’on y voyait rien et qu’il fallait suivre en regardant ce qui se passait sur les écrans géants placés de chaque côté, oui, exactement comme si on regardait un DVD
*** à prendre au sens littéral du terme : « petit » c'est-à-dire dans une salle à taille humaine, avec des vrais gens et sans écrans ni artifices… un concert, quoi
**** ah oui… le public était assis lors de ce concert, comme à un vulgaire concert de jazz ou de musique classique – quelle drôle d’idée