Il y a tellement longtemps – une année entière ? – que 666rpm n’a pas parlé d’Aidan Baker ou de Nadja, alors qu’il arrivait qu’une chronique mensuelle soit systématiquement consacrée à l’un ou l’autre, que c’est presque comme si on avait laissé passer toute une éternité… Voici quelques uns des disques que le canadien a pourtant publiés (tout seul ou en groupe) depuis plus d’un an et dont notre service Technique de Propagande & Mauvaise Foi Revendiquée n’a même pas osé parler, ne fut-ce que de très loin : Nadja – Autopergamene (Essence Music), Nadja – Sky Burial (Latitudes), Aidan Baker – Songs Of Flowers & Skin (Beta-Lactam Ring records) ou Aidan Baker – Lost In The Rat Maze (Consouling Sound)… Un retard qui ne sera très certainement jamais rattrapé mais tant pis*.
Préférons donc parler de l’actualité d’Aidan Baker puisque celui-ci vient de publier en compagnie de Kevin Micka – beaucoup plus connu sous son alias d’Animal Hospital – et grâce au label Basses Fréquences un album intitulé Green Figures regroupant différents enregistrements en concert. Le 11 novembre 2009 les deux musiciens se trouvaient ainsi à Montréal et Kevin Micka, assurant la première partie d’Aidan Baker, s’est donc joint à ce dernier à la batterie afin d’interpréter quelques chansons du répertoire de canadien : Chainsaw et Machina tirées de l’album Green & Cold alors que l'on peut retrouver Figures dans une version différente sur l’album Blue Figures. Trois titres et une quarantaine de minutes, c'est-à-dire largement assez pour goûter à la pop shoegaze d’Aidan Baker sans s’assoupir.
Car contrairement à l’album Green & Cold qui souffre un peu de ses longueurs instrumentales, Green Figures, pourtant composé aux deux tiers du même matériel, ne laisse pas à la lassitude ou à l’ennui le temps de s’installer. Les motifs répétés à l’envie, les échos lointains comme dans un brouillard cotonneux, les rythmes systématiquement ralentis et en pointillés, le chant monotone et neurasthénique d’Aidan Baker… tous ces éléments, connus et symptomatiques du musicien, s’imbriquent parfaitement les uns dans les autres pour un disque étonnant calme, reposant et contemplatif. Seule la fin de Machina, doucement chargée par une guitare saturée, provoque quelques tremblements et soubresauts mais ceux-ci, après tant de calme et de linéarité, se révèlent être une conclusion bienfaisante à un disque absolument parfait pour la contemplation comme la rêverie.
* Lost In The Rat Maze, publié en février 2011, devrait quand même faire l’objet d’une prochaine chronique…