vendredi 2 décembre 2011

Welldone Dumboyz / Filthy Gift



C’est bientôt Noël, ses bonnes odeurs d’indigestion, de vomi et de bons sentiments, et – beaucoup mieux – c’est aussi bientôt mon anniversaire alors les Welldone Dumboyz de Belfort, qui n’en savaient pourtant rien, ont décidé de gâcher la fête avec un vrai cadeau merdique, un beau vinyle de 7’, le bien nommé Filthy Gift EP. Avec une belle constance le groupe n’a pas voulu laisser passer cette somptueuse fin d’année 2011 sans gratifier le monde moderne et en voie d’extinction d’un nouvel enregistrement et il a bien eu raison.
Car très loin d’être pourri, merdique, dégueulasse ou même daubé, Filthy Gift poursuit en effet le travail de sape des Welldone Dumboyz, celui entamé avec quelques premiers enregistrements remarqués (un CDr et une cassette) et surtout un premier album sans titre publié chez Fragment records en 2010, un album lui-même suivi d’une autre cassette, live cette fois-ci. C’est à nouveau sur Fragment que parait Filthy Gift et je ne pense pas trahir un secret d’état en révélant que Gep, le guitariste/chanteur des Welldone Dumboyz, a entretemps réalisé une O.P.A. et pris partiellement le contrôle de cet excellent micro label marseillais (réalisant ainsi mais sans le vouloir la réunification de la France d’en bas avec la France d’en haut). En outre Fragment a pour l’occasion été épaulé par quelques autres structures dont on a parfois déjà croisé le chemin : NHDIYST, No Way Asso, Ocinatas Industries et Underground Pollution.




Trois titres c’est ce que contient ce Filthy Gift. Trois titres qui démontrent une  nouvelle fois que les Welldone Dumboyz ne sont toujours pas à court d’imagination ni de ressource. The Gift ressemble effectivement à un cadeau empoisonné auquel on ne peut pas s’empêcher de goûter et que l’on ne peut donc pas non plus s’empêcher d’apprécier avec ses voix exagérément et presque théâtralement appuyées et un accordéon qui rehausse l’absurdité d’une musique qui au final tient autant des Melvins que des Gypsy Kings. Burn Those Sick Children est, en tant que père de famille, un titre qui me va droit au cœur, parce qu’il décrit une nécessité incontournable face aux dures réalités de la vie. Les voix sont une fois de plus mises en place à l'aide d'un démonte pneu et musicalement on patauge dans un domaine où les Welldone Dumboyz excellent, celui d’un punk alourdi mâtiné de pitreries 70’s et avec la présence remarquée d’une basse qui aligne une série de pets sur la partie centrale du titre pendant que la guitare étale le tout à grands coups de truelle. Le bruit et l’odeur.
On retourne le disque pour un That Guitar Rapes Death, autre version du hard rock illuminé des Welldone Dumboyz avec une opulence de fuzz, de wizz, de voizzz démultipliées et de gaz moutarde. Gare aux débuts un rien patauds et malades de ce titre car passée une grosse première minute c’est une déferlante et une longue vague d’hystérie qui vous clouent au sol à l’aide d’une guitare outillée d’une fraiseuse et d’un lance-flammes ainsi que d’une batterie toujours aussi puissamment inspirée. Mais on aime aussi que les voix aient (presque) le dernier mot ici.
Est-ce que le disque est terminé ? Pas tout à fait : les petits malins ou les pauvres seront allés sur le site du groupe pour télécharger gratuitement et librement l’intégralité de Filthy Gift et auront par là même découvert un quatrième titre bonus, Vooooodoooo Golem qui démarre lui aussi avec force dégazage et hallucinations collectives en prime. Tout le côté psycho des Welldone Dumboyz est là, dans cette faculté à faire passer Jimi Hendrix pour un tétraplégique et les Melvins pour des nains de jardin. Tout le début de ce titre fantôme est en outre l’une des meilleures choses jamais enregistrée par le groupe puis les Welldone Dumboyz préfèrent plutôt achever Voooooodoo Golem dans un final chassieux du meilleur effet (et cette reprise/destruction en règle c’est un peu comme si c’est vraiment eux qui l’avaient composée).

Un mot sur la pochette et son artwork : celle-ci mesure très exactement 21 x 21 cm et est recouverte par ce qu’il semble être une photo pour de vrai d’un cheval mort et pourrissant dans l’eau. Ça m’a fait penser à ce film – dont j’ai malheureusement oublié le titre, désolé – dans lequel il y a une scène de pêche aux anguilles : pour les capturer les personnages du film utilisent la tête, cou compris, d’un cheval plongée dans l’eau, les anguilles se précipitent pour la dévorer de l’intérieur et quand on la relève de l’eau, celle-ci est creuse et dégueule d’anguilles carnivores et gluantes. Et puis après tout, puisque vous allez peut-être manger de telles bestioles à Noël, autant que vous sachiez comment elles peuvent atterrir dans votre petite assiette, hein.

Sinon, vous être vivement incité(e)s à commander ce disque – pour 5 euros port compris – auprès des Welldone Dumboyz ou de l’un de ses labels partenaires mentionnés ci-dessus. Car en indécrottable individualiste je reste persuadé que les plus beaux cadeaux sont toujours ceux que l’on se fait à soi-même, que les autres aillent se faire foutre.