mardi 13 décembre 2011

Satanized / Technical Virginity


Bon allez… maintenant nous voilà légèrement réchauffés et mis dans de bonnes dispositions vis à vis de Skingraft après l’écoute du dernier (demi) album de Pre et soudain Satanized débarque sur la platine. Satanized est un groupe de Philadelphie (on s’en fout) qui a déjà publié un premier album pas trop mal en 2007 sur Badmaster records suivi en 2009 d’un split avec Aids Wolf (ces deux disques sont toujours disponibles auprès du label). Comme ces jeunes gens ont bien autre chose à faire et qu’il n’y a pas que la musique dans la vie, Technical Virginity, le deuxième album de Satanized, a été publié seulement en ce début d’automne et sur Skingraft, donc.
D’habitude on s’en foutrait un peu du nom du label, on ne le citerait avec lien internet à l’appui que pour indiquer là où on peut se procurer ce Technical Virginity… seulement voilà, on a tellement perdu l’habitude d’entendre un disque aussi bon et fou en provenance directe de Skingraft – alors que du temps de sa splendeur le label de Chicago n’était pas loin de faire mouche à chaque fois – que l’on en rajoute une (dernière) couche : Technical Virginity est au choix le disque qui réconciliera certains avec cette auguste maison ou qui incitera les autres à lâcher un peu de pognon pour permettre à Mark Fischer de financer un peu plus durablement sa retraite.




Après avoir dit tout ça, c’est un peu comme si on avait vendu la mèche… Oui Satanized est un sacré bon groupe de frappadingues et oui Technical Virginity possède ce parfum puant que l’on pensait un peu perdu à jamais et qui mélange à la fois les effluves les plus rudes de la noise, de la foutraquerie, de la déviance, du chaos et de la méchanceté musicale. Méchanceté ? Finalement il s’agit bien du terme approprié : les groupes qui font du barouf comme ils changent la monture plastique de leurs lunettes ou le côté de la mèche de cheveux gélifiés qui leur tombe devant les yeux ce n’est pas ce qui manque (ceux qui se foutent à poil parce qu’ils ont plus de tatouages que de talent aussi) mais des groupes alliant violence malsaine, vindicte assassine, précision chirurgicale et sens aigu de la torture il n’y en a pas beaucoup.
Car même si les quatre Satanized font tout ça pour uniquement s’amuser, ils ne font pas rire pour autant. Au petit jeu du parfait psychopathe on peut même se demander qui est le plus fort : ce chanteur tordu qui balance aussi quelques bidouilles avec une platine à disques ? ce guitariste qui vous découpe la cervelle en petits carrés et les emballe dans la peau douce de vos fesses pour en faire des sushis ? ce bassiste qui manie aussi bien le hachoir à viande que son collègue guitariste mais préfère s’attaquer d’abord aux pieds et vous grignoter jusqu’en haut ? ce batteur semble-t-il complètement inconscient du mal incontrôlable qu’il insuffle à chaque fois qu’il tape sur sa batterie ? On ne sait pas.
Mais on sait que Technical Virginity est de ces disques qui vous colle au crane, vous accroche et je vous lâche pas, réussissant en un tour de main assez court (huit titres, une demi-heure) à faire la jonction entre la technicité d’un Dazzling Killmen et la folie d’un Flying Luttenbachers – prenons des groupes Skingraft comme références, tant qu’on y est. Maintenant, doit-on vraiment se rendormir et ne se réveiller que dans dix ans, lorsque les gens de Skingraft auront dégoté un autre groupe de la même trempe que Satanized ?