Coliseum reste sur Temporary Residence pour la parution d’un Parasites EP dont on n’attend strictement rien d’extraordinaire. Soyons clair, l’album précédent, le miteux House With A Curse, avait tellement donné à rire (à ses dépens bien sûr) que l’idée d’un nouveau disque de Coliseum ne nous effleurait même pas plus que ça.
Il y a des choses qui ne changent pas beaucoup avec le groupe de Louisville, entre autres la voix de stentor enroué de Ryan Patterson – ancien National Acrobat – et une certaine propension à appuyer sur l’accélérateur et à foncer dans le tas. On pense même pouvoir reconnaitre une sorte de tête de mort (l’imagerie préférée du groupe) dans ce ver gluant qui s’étale visqueusement sur la pochette d’un orange et d’un vert fashy comme les rollers que mes parents m’avaient offerts pour mes 10 ans, à ma période disco.
Mais qu’en est-il des velléités de Coliseum à adoucir sa musique jusqu’à singer les pires travers des groupes américains œuvrant dans le punk burné poppy voire emo ? Parasites a été enregistré par J Robbins (de Jawbox et Burning Air Lines et désormais dans Office Of Future Plans) et ça, ça ne présage vraiment rien de bon. Premier point : malgré ses huit titres, Parasites est bien un EP, puisqu’il ne dépasse même pas la vingtaine de minutes. Deuxièmement : Coliseum a retrouvé tout son mordant, surtout sur les quatre titres de la deuxième face du disque, titres qui pétaradent sec. Troisièmement : le trio a bien enregistré et analysé les erreurs d’un passé récent et, puisqu’il veut continuer à rendre sa musique de plus en plus mélodique et conviviale, il le fait désormais avec infiniment plus de classe et de discernement. Le résultat ce sont des titres comme l’irrésistible Waiting (Too Late), un véritable hymne post hardcore – post hardcore dans le sens de la fin des 80’s/début des 90’s, pas le truc ralenti des années 2000 –, ou comme l’enchainement imparable constitué par The Fiery Eye/Ghost Of God. Des titres qui n’ont rien à envier aux maîtres du genre, de Jawbox justement à Rites Of Spring. On n’en revient même pas d’une telle réussite, headbanging soutenu d’un sourire crétin garanti.
C’est tellement bon de se réconcilier avec le groupe qu’on finit même par apprécier davantage la première face de cet EP – très clairement chargée des nouvelles orientations prouto-emo de Coliseum – à la seconde, presque systématiquement symptomatique du Coliseum d’antan, celui du EP Goddamage ou de l’album No Salvation. Seul Give Up And Drive fait la jonction entre les deux pôles d’attraction du groupe et clôt magnifiquement Parasites, en fin de programme. Désormais Coliseum semble bien avoir trouvé et conforté sa nouvelle place avec cet enregistrement plus que bien mené, finalement il ne faudra considérer son prédécesseur House With A Curse que comme un bête disque de transition.