mardi 27 décembre 2011

Ceremony / Covers EP





Il y a un mystère CeremonyRohnert Park – du nom du bled d’où sont originaires ces jeunes gens et le titre de l’album que le groupe a publié en 2010 – oscille entre hard core criard/anarcho-punk et slacker pop ou même power pop façon Dinosaur Jr et ce sans aucune transition. Mais qu’est ce que c’est que ce groupe ? Qu’est ce que c’est que ces mecs ? Le pire – si on peut s’exprimer ainsi – c’est que voilà un mélange détonnant qui fonctionne parfaitement et on ne pourrait pas imaginer ce disque sans ces deux aspects pourtant diamétralement opposés. C’est ça le mystère Ceremony – bien plus que le côté très éclectique du groupe –, cette faculté à savoir transformer en identité propre, pertinente et presque logique ce qui aurait pu passer que comme une incongruité sans lendemain, voire une lubie à oublier vite fait bien fait, et d’y être parvenu sans avoir recours aux subterfuges de je ne sais quelle fusion à la va-comme-je-te-pousse pour connards bariolés.
Tentons donc de dissiper ce passionnant mystère, ce qui pousse Ceremony à enchainer un Moving Principle virulent avec un The Doldrums (Friendly City) en mode Pavement et, pour ce faire, aidons-nous de ce Covers EP publié cette année par Bridge Nine, comme la plupart des autres enregistrements du groupe*. Pour une fois, je vais être honnête : on n’y arrivera pas. On n’arrivera pas à déterminer le pourquoi du comment du parce que, même si on avait bon espoir avec ce bien nommé disque de reprises. Cela ne sert à rien. Les gens Ceremony se moquent complètement de nous, ne veulent rien nous dire mais continuent de nous avoir avec leurs drôles de disques. Et ils aiment ça. A tel point que le groupe en rajoute une bonne couche : Covers EP ne comprend fort logiquement que des reprises – six au total – mais, comme cela ne semblait pas suffire, les petits gars de Ceremony ont imaginé une pochette sur mesure, un inventaire de tous les groupes qu’ils ont déjà où qu’ils aimeraient un jour reprendre. Ça commence par Devo, ça se termine par Tommy Dorsey (qui ça ?) et au milieu de cette liste il y a des dizaines (centaines ?) de noms… on en trouve quelques uns de complètement effarants tels que Happy Mondays ou Erasure, on y trouve également des choses que l’on aime bien ici mais qui n’ont aucun rapport avec le reste (Big Black, Cro-Mags ou My Bloody Valentine) et enfin il y a des noms qui semblent avoir un peu plus de rapport avec le côté punk de Ceremony (Crass, Rudimentary Peni et Youth Of Today).
Voilà. Sur Covers EP Ceremony reprend superbement Urban Waste, les Pixies, Crisis, Eddie And The Subtitles, Vile et Wire. Le choix du titre de Wire est un peu convenu (puisqu’il s’agit de Pink Flag), par contre on s’émeut à chaque fois de cette splendide version du Holocaust de Crisis – le groupe ultra marxiste de Douglas Pierce et de Tony Wakeford avant qu’ils ne fondent un Death In June jouant lui sans vergogne avec l’imagerie nazie. C’est tout ce que l’on vous dira de ce disque. Ah non : Covers EP est un 12’ monoface en vinyle transparent et sa face muette est sérigraphiée d’un dessin représentant des roses en salade. Une preuve supplémentaire du côté arty (mais pas chiant) d’un groupe vraiment hors du commun.

* toutefois fois le prochain, un single annoncé pour le mois de janvier 2012, sera publié par Matador records – un album devrait suivre au printemps