samedi 3 décembre 2011

Barn Owl / Shadowland - Barn Owl And The Infinite Strings Ensemble / The Headlands





La violente déconvenue exprimée à l’égard de l’album Lost In The Glare de Barn Owl me pousse néanmoins à parler un peu de deux autres enregistrements du duo. Le premier est un 12’ de trois titres et intitulé Shadowland. Publié en juin 2011 par Thrill Jockey entre le plutôt recommandable Ancestral Star (octobre 2010) et le décevant et pénible Lost In The Glare (donc), Shadowland est souvent présenté comme un enregistrement de transition sous prétexte qu’il s’agit d’un format court. Il est vrai que les trois titres proposés ici marquent une certaine rupture et un dépouillement encore plus profond par rapport à The Conjurer ou Ancestral Star – avec peu ou pas du tout de saturation et d’aptitudes telluriques – mais on constate surtout que Shadowland a une finition et une densité – malgré tout très minimalistes – qui font cruellement défaut à Lost In The Glare. De là à penser que Barn Owl aurait mieux fait d’attendre un peu plus avant d’enregistrer et de publier un nouvel album complet et de bosser bien davantage les compositions trop faciles et plates de Lost In The Glare, il n’y a qu’un pas que l’on franchit allègrement. Et hop.
Barn Owl n’échappe pas à la règle de tous les groupes de drone/ambient/je-ne-sais-quoi qui enquillent les disques comme on boudine de la saucisse plastique au lieu d’appuyer sur le bouton « stop » de l’enregistreur et d’aller boire une bonne pinte bien fraîche au bistrot du coin. Désolé les gars mais si Shadowland vous a fait remonter dans mon estime, il confirme surtout qu’avec Lost In The Glare vous avez permis à la fumisterie d’atteindre un nouveau seuil de perfection.



The Headlands est un peu un cas à part. Publié en décembre 2010 par Important records, il est sorti sous le nom de Barn Owl And The Infinite Strings Ensemble. Sous ce nom se cache le groupe de base (Evan Caminiti et Jon Porras) accompagné à la guitare de Norman Teale (sous le nom de The Norman Conquest, il a aussi participé à l’album Ancestral Star de Barn Owl), Theresa Wong au violoncelle et de Ellen Fullman au « long string instrument », un instrument qu’elle a elle-même imaginé et construit.
D’abord remisé au placard par les services technique et éthique musicales de 666rpm, The Headlands a fini par en ressortir pour une ultime vérification. Ne soyons pas rancuniers. Voilà un disque beaucoup plus teinté du drone acoustique version Lamonte Young/Tony Conrad/John Cale/etc. C’est particulièrement flagrant sur Levitation, complètement saturé de stridences de cordes, ça l’est beaucoup moins sur Light où le côté mélodique de Barn Owl tente de reprendre le dessus. En équilibre, Condensation représente un parfait compromis entre ces deux positions inconfortables. Mais, globalement, avec The Headlands on reste dans une relecture assez sage et conforme d’une musique vieille de près de cinquante ans tout en tentant péniblement d’y apporter un petit plus (même si on est en 2011, on a toujours le droit de rêver) ou un semblant d’intérêt. Un disque pas désagréable, en résumé. Mais complètement anecdotique.