Lost In The Rat Maze, publié par le label Consouling Sounds, est peut être bien le 67ème enregistrement officiel d’Aidan Baker en moins de cinq années. Au niveau quantitatif, tout va donc pour le mieux : le canadien continue d’abreuver ses nombreux fans d’incessantes parutions de disques enregistrés en solo et à la chaîne. Cela fait des mois (des années ?) que l’on ne sait plus où donner de la tête et ici, on a un peu renoncé à tout vouloir écouter – à défaut de tout chroniquer – de la production pléthorique du monsieur. L’équation redite + lassitude + allez voir ailleurs si j’y suis a fini par gagner. De temps à autre on jette pourtant une oreille sur un nouveau disque, une nouvelle réédition ou une énième collaboration mais on ne le fait que par pure politesse envers un passé plutôt glorieux et pas si ancien que cela, ce n’est même pas la curiosité qui nous pousse à agir ainsi. Misère. Au passage, vous aurez sûrement aussi remarqué que Nadja – le jadis splendide groupe d’Aidan Baker et de Leah Buckareff – tourne désormais plus ou moins au ralenti : contrairement à Aidan Baker en solo, le duo a en effet sensiblement levé le pied question enregistrements, a passé le plus clair de deux dernières années à ne publier que des collaborations et il prend doucement le chemin d’un oubli ému mais fatal.
Ce n’est pas avec Lost In The Rat Maze que l’on va pouvoir se rattraper. Tout Aidan Baker y est ou presque et cette nouvelle fois est encore une fois de trop. Piano fantôme, chant de Droopy imitant sous l’eau les cris de détresse d’une meute de baleine dépressives, flutiaux désespérants, batterie ultra minimale (tenue par le propre frère d’Aidan Baker, Richard, ils jouent également ensemble au sein de Arc), guitare étirée à la loop station, pop tellement minimaliste qu’elle en devient inexistante, shoegaze du pauvre, ambient de l’ennui, drone sans vibration… la liste de tout ce qu’Aidan Baker a à nous proposer est aussi longue que fastidieuse, accablante que sans saveur. Le musicien a su parfois nous étonner*, se servir de ces mêmes éléments pour en sortir quelque chose d’intéressant or Lost In The Rat Maze ne débouche sur rien si ce n’est sur la certitude qu’on ne réécoutera pas un disque d’Aidan Baker de sitôt. Où alors il faudrait un miracle.
* et cela peut encore lui arriver, comme sur ce Green Figures tout récemment évoqué et publié par l’excellent label Basses Fréquences – d’une manière générale on pense pouvoir affirmer que sur tous les disques d’Aidan Baker publiés par Basses Fréquences, il n’y en a strictement aucun à jeter