Intéressons nous un peu au cas Coliseum, chouette petit groupe de Louisville, amateur de têtes de mort – au point d’en foutre sur toutes les pochettes de ses disques – et pratiquant jusqu’ici un hard core peu imaginatif (pléonasme) mais efficace (deuxième pléonasme) et burné (etc). Le genre de groupe à qui on n’en demande pas trop : ça joue vite, fort et tout droit, il n’y a pas trop de breaks, les riffs sont basiques mais gras, les rythmiques en mode mitraille et le chant est celui d’un buveur de houblon qui dégueule son ennui et sa colère du samedi soir par pur esprit hygiéniste : la bière combinée au désœuvrement c’est mauvais pour la ligne. Du punk-metal motörheadien en résumé. Après un premier album sans titre linéaire et bien raide – soit du hardcore dans la position du missionnaire – puis un mini LP (le très bon Goddamage) et No Salvation (un deuxième album bien plus convaincant encore mais aussi un passage éclair chez Relapse records qui à cette époque là ne savait plus quoi signer comme groupe pour renouveler son cheptel et redorer son blason) Coliseum est de retour avec un troisième LP, House With A Curse, cette fois ci sur Temporary Residence.
Que Coliseum se retrouve sur un label de fillettes est assez amusant mais ce qui est vraiment bizarre c’est l’évolution significative opérée par le trio de Louisville. Ryan Patterson – un ancien National Acrobat et Black Cross – et ses petits camarades ont décidé de ralentir le rythme, de varier le chant, d’enrichir les mélodies (ça ce n’était pas bien dur à réaliser) et de dégraisser leur hardcore de base. Au passage Coliseum a aussi changé de batteur, ce qui pourrait expliquer bien des choses. Le petit nouveau est un artiste alors que le précédent était un bucheron. C’est devenu un axiome, s’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, on ne change pas non plus une équipe qui gagne, surtout lorsque, comme Coliseum, on pratique une musique peut être rétrograde et réactionnaire mais surtout complètement éjaculatoire et jouissive. Quand on n’a aucun talent pour l’écriture mais que par contre on a des poils et des tatouages, on ferait mieux de s’en contenter, de laisser parler la poudre et de monter les potards à fond. N’est pas Hüsker Dü qui veut (première vérité).
Ainsi il traine désormais dans la musique de Coliseum des relents hautement gnangnans qui donneraient presque envie de pleurer si cela ne tournait pas définitivement au carnage et donc à la grosse crise de rire : Cloaked In Red est ainsi parfaitement ridicule et qui plus est ce titre est immédiatement suivi de Perimeter Man, autre grand moment pathétique de House With A Curse. Non mais qu’est ce que c’est que ça ? Coliseum n’a pour l’instant clairement pas les moyens de ses ambitions et on n’en est qu’à la fin de la première face… La seconde ne vaut guère mieux bien que Skeleton Smile redonne brièvement le sourire. En écoutant des titres tels que Lost In Groningen on ne peut pas s’empêcher de penser à tous ces mauvais groupes emo de la première (demi) heure, dans le sillage de Fugazi et du pop core d’Hüsker Dü justement, qui plombaient la moindre bonne idée de composition avec leurs pleurnicheries. Deuxième vérité : n’est pas Quicksand qui veut non plus.
[détails techniques : la pochette très laide est en relief, le LP est tiré à 2000 exemplaires non numérotés, le vinyle est noir et le pressage est de qualité médiocre, révélant un manque certain de dynamique]