Alors là, ATTENTION ! Attention parce que ce premier véritable album des Welldone Dumboyz était passionnément attendu par ici, après les apéricubes au jus de chaussettes et à la bave de houblon que constituaient White Cunt Hippie (un pauvre CDr) et Magnetic Hippie Vol 1 (une cassette cheapos de chez cheapos). Et avec cette galette sans titre – mais pourquoi donc les gars ? vous avez enfin réussi à exterminer tous les hippies de la planète ? je n’ose le croire… – bref, avec ce disque publié par le très do it yourself label Fragments records, les Welldone Dumboyz enfoncent le clou d’une noise burnée et humide encore un peu plus loin dans nos crânes de rantanplanteurs du dimanche en mal de sensations fortes et écœurantes.
Tu veux de l’action, du suspens et du grand spectacle sur écran géant ? Ecoute donc We Kill Your Local Heroes, pièce métallique (dans le sens melvinsien du terme) renforcée à la noise vintage (dans le sens amrepien du terme cette fois ci) et aux effets spéciaux (un saxophone qui n’est pas là pour faire joli et l’armurier de robocop enregistré dans son atelier de réparation à la fin du titre). Tu veux de l’amour, de la tendresse et de la considération ? Alors saute six cases et va directement à la huitième, répondant au doux nom de Thank You. Là t’attend un cow-boy tendance crooner des plaines qui te fera passer un bon quart d’heure de plaisir et d’ivresse virile entre ses bras velus et musclés. Tu veux du rire, de l’humour, de la drogue et de l’évasion ? Réécoute les deux titres déjà mentionnés ainsi que tous ceux qui se trouvent entre les deux : riffs de malade, structures des compositions qui ne s’interdisent rien sauf l’ennui, basse bien présente – le gros avantage de cet enregistrement plus soigné que les précédents bien que fait à la maison et permettant donc un plaisir d’écoute renforcé – et un batteur inventif et doté d’un sale caractère.
Les Welldone Dumboyz se seraient-ils pour autant transformés en professionnels aguerris et en requins de studio ? Fort heureusement non, le groupe gardant cet incroyable instinct de survie du loser qui sait très bien qu’il a raison malgré tout (cela fait juste un peu plus mal à chaque fin de mois). Et cet instinct de survie on le sent à chaque coquetterie dont le groupe est visiblement friand : la basse slappée (?) sur I Am The Cachalot, cette même basse éventuellement tournefuzzée à l’occasion pour occuper encore plus de place, de la wah-wah sur la guitare, le saxophone et les bruits métalliques sur We Kill Your Local Heroes (donc). On le sent surtout à chaque détour des huit compositions de ce disque et de détours elles n’en manquent assurément pas, virant de bord sans prévenir mais sans nous fatiguer, tout ça parce que les Welldone Dumboys n’ont jamais oublié de n’être que des sales punks, énergiques et enthousiastes.
Enfin, les voix ajoutent cette touche supplémentaire et vitale de canular permanent. Le chant principal c’est un peu comme si King Buzzo avait enfin retrouvé sa boite de pilules aux hormones de croissance et les voix complémentaires assurent souvent le décalage – entre comédie musicale et chorale d’ivrognes (Bloody Green). Les Welldone Dumboyz font donc plus que confirmer – mais qu’ils se rassurent, nous n’étions pas en droit non plus d’exiger quoi que ce soit – tout le bien que l’on pensait d’eux jusqu’ici. Un album foutraque, jouissif, bordélique et passionnant. Directement au sommet de la pile estampillée punk as fuck.