vendredi 5 mars 2010

El Redrop Rock / Death To Santa Fe
























Les Welldone Dumboyz c’est bien mais ça laisse aussi un peu de temps libre. Aussi, lorsque Gep (guitariste et chanteur du groupe précité) s’ennuie un peu trop fort il téléphone à son vieux pote David pour qu’il vienne à la maison s’amuser à un jeu de société quelconque mais forcément en plastique, un peu comme Richard D. James d’Aphex Twins invitait au milieu des années 90 son vieux pote Mike Paradinas (µ-Ziq) à venir tourner des boutons dans son salon. Le résultat de ces après-midis passés à boire des bières, à brancher les guitares sur les amplis, puis à les débrancher, puis à les rebrancher, puis à les redébrancher, enfin bref, le résultat est un disque, Death To Santa Fe, enregistré totalement en dilettante. Puisqu’il fallait aussi donner un nom à cette entité contre l’ennui ce sera El Redrop Rock, groupe (?) dont le manifeste est le suivant : El Redrop Rock provides you improvisations that show our hearts are pure and humble. If you have an heart, there you're welcome. Be a child, be a free human. Rediscover spirit of music before that Elvis came to town and earn money. Intelligent so-called artists or quick listeners can kiss my ass.
Je passe l’éponge sur l’ignoble insulte faite à Elvis, j’oublie l’outrage à l’auditeur pressé et je me (dé)concentre sur ces neuf plages de dialogues entre guitaristes (il y a parfois un peu de chant dans une veine vieux bluesman asthmatique en manque de ventoline et de booze) avant de sombrer dans une douce léthargie à peine dissipée par quelques dissonances – c’est l’effet canapé du salon, celui dans lequel je m’enfonce doucement en écoutant ces deux là qui jouent pour passer le temps, parce que moi aussi je m’emmerde, parce que là aussi c’est dimanche (ou mardi, mercredi…) et que là aussi il pleut.
Comme toutes les tentatives d’improvisation entre amis et enregistrées au fil de l’eau avant d’être découpées en tranches, Death To Santa Fe n’est pas exempt de longueurs, de facilités, de lassitude mais globalement (fumer local, penser global est un vieux slogan politique qui me revient là comme ça tout à coup et je ne sais vraiment pas pourquoi) l’effet anesthésiant de ces bandes vouées à l’oubli dans un futur proche mais désolent est des plus efficace – comme je ne doute pas que c’était aussi l’effet recherché par ces deux musiciens, tout le monde est donc content. Et maintenant, au lit !