mercredi 7 novembre 2012

Hell Comes Home : part 3


[la fin des chroniques consacrées aux splits 7’ publiés par HELL COMES HOME ; la première partie se trouve ici, la seconde ]




HCH - 009 : Dukatalon et Rites. Arrivé à cette neuvième référence, le doute pourrait s’installer : va-t-on tenir jusqu’au bout ? La qualité des disques va-t-elle irrémédiablement baisser ? Un doute que le hardcore sombre et nerveux de DUKATALON (un groupe israélien) parvient à dissiper assez facilement. Le chant est malgré tout assez étrange, on le verrait bien coller davantage à une formation norvégienne ou suédoise oscillant entre le death et le black. Ce chant d’ostrogoth des cavernes est aussi ce qui fait toute l’originalité de ce groupe.
Les compagnons de Dukatalon s’appellent RITES et ils viennent de Galway en Irlande, ce sont donc des voisins de pallier directs de Hell Comes Home. Le registre est ici beaucoup plus éclairci, nerveux et sec. Moins de boue mais plus d’électricité, on ne perd donc pas au change et surtout on ne perd rien question lourdeur ou agressivité. A noter que Rites annonce la parution imminente de son deuxième album.




HCH - 010 : Black Sun et Throat. Attention : ce dixième split est sans doute la référence à posséder de toute la série, du moins s’il fallait vraiment en choisir qu’une seule.
Les écossais de BLACK SUN ne dépareillent absolument pas dans le paysage avec encore une fois une sorte de doom sludge très typé. Sauf que ce riff circulaire est réellement démoniaque et élève résolument Black Sun loin au dessus de la mêlée. Quelque chose me dit qu’il va falloir se procurer d’urgence les autres enregistrements du groupe (quatre albums quand même).
Sur l’autre face THROAT (Finlande) explose littéralement tout ce qui bouge, à commencer par Black Sun et tous les meilleurs groupes de la série. Il n’y a rien à dire, les déflagrations chargées de gros noise rock putride de Throat font des merveilles. Je ne sais pas exactement de quoi peuvent bien nous causer le texte de ce Anal Paranoid – j’ai malgré tout une petite idée – mais question musique, cela fait effectivement très mal. Et puis comment résister à cette montée/reprise aux alentours de 2’30, accompagnée de hurlements proprement inhumains ?




HCH - 011 : Dopefight et The FuckingWrath. Les anglais de DOPEFIGHT (Brighton) inaugurent cet avant dernier volume et constituent le groupe le plus ouvertement stoner/sludge de toute la série. Après une intro puissamment alourdie, sale, humide et nauséeuse, Stonk emprunte des chemins plus seventies et garants d’un bon niveau d’efficacité. Excellent dans son genre !
Les californiens de THE FUCKING WRATH continuent la descente aux enfers. Comme beaucoup de groupes défendus par Hell Comes Home, on retrouve une bonne dose de metal ici, un  metal occasionnellement influencé par la très 80’s N.W.O.B.H.M. – new wave of british heavy metal – dans une version toutefois plus alourdie. On croirait même entendre Saviours sur toute la longue intro de Ronald Reagan Punk Party (qui n’a donc vraiment rien de punk) ; une impression très vite estompée dès que le groupe accélère considérablement le rythme pour lorgner du côté d’un Hellhammer qui aurait bouffer du hardcore old school ; puis un solo de guitare plutôt sec et net vient à nouveau brouiller les pistes… Dopefight a au moins le mérite de ne pas se laisser faire.




HCH 012 : Dead Elephant et Rabbits. On arrive au dernier volume… et c’est presque l’apothéose. On a souvent défendu ici les italiens de DEAD ELEPHANT et ce Carne De Perro littéralement dantesque s’étalant sur plus de huit minutes frise l’exceptionnel. Un titre dont l’enregistrement date de décembre 2010 et est donc bien plus proche de Lowest Shared Descent, premier album de Dead Elephant, que du deuxième Thanatology. Les grincheux qui ont mal digéré ce dernier pourront ainsi avoir leur revanche et souffrir comme il se doit sur ces rythmiques infernales et ce long passage intermédiaire en forme d’étau qui se ressert. Aucune échappatoire possible.
Ce sont donc les RABBITS de Portland/Oregon qui ferment le bal pour cette fois avec un War’ Oh My particulièrement haineux et virulent. Le groupe remercie les anarchopunks de Crass mais j’ai beau me creuser la cervelle à la recherche d’une quelconque étincelle de mémoire, je ne reconnais pas ici une quelconque reprise des anglais mise à part peut-être une allusion au final de How Does It Feel ? et à Fight War Not Wars… Qu’importe : ce War’ Oh My excelle question brutalité et force de persuasion. Ce dernier volume est également à se procurer d’urgence.

On l’aura compris, malgré les quelques restrictions déjà mentionnées, on peut affirmer que cette collection de split 7’ est de qualité supérieure. Le bonhomme derrière tout ça – sûrement encore un illuminé – ne peut être qu’un passionné et si le but initial de HELL COMES HOME était précisément de nous faire partager sa passion pour la musique, on peut dire que le pari est largement gagné.
L’unité graphique imposée par les artworks magnifiques de Kuba Sokolski ne fait certes pas tout : écouter ces disques, les réécouter encore et encore puis effectuer son propre petit classement personnel permet de se rendre compte de l’ampleur et de la cohérence du projet. Tout simplement incontournable.