Les gens de chez Bigoût records sont vraiment des cœurs
sensibles et des âmes charitables : à chaque fois ou presque que les
anglais de Silent Front leur demandent de caler pour eux une date sur Lyon et
bien les Bigoût acceptent. C’est pourquoi il ne
se passe pas une seule année sans que Silent Front joue au moins une
(deux ?) fois dans cette ville. Si ma mémoire est bonne les deux derniers
concerts étaient au Sonic. Les concerts d’avant étaient à Grrrnd Zero. Et à
chaque fois les prestations de Silent Front se situaient entre le pas mal du
tout du tout et le vraiment très (très) bien. Donc on y retourne, au moins encore une fois, peut-être bien la dernière, avides
de savoir ce que ces anglais énervés ont à nous offrir (ou pas).
Cette fois-ci l’action se passe dans la cave du
bar des Capucins et, bien évidemment, il y a une première partie. Contrairement
à mes mauvaises habitudes (et tant pis pour ma réputation de connard) je ne
vais pas trop m’acharner sur celle-ci tout simplement parce que TORINO – c’est
le nom du groupe en question – a délivré un set vraiment pas mal. Même si Torino
jour du punk un brin mélo sur les bords et que je mentirais forcément en
affirmant que j’adore ce genre de musique. Mentir c’est péché.
Seulement voilà… Est-ce l’effet magique de la cave
humide et moite des Capucins ? Est-ce le sex-appeal de ces jeunes
gens ? Est le manque pathologique de concerts estampillés punk de base depuis
plus de six mois ? Toujours est-il que ce moment simplement juvénile m’a
bien plu. Bon, OK, pas tout non plus : les chœurs qui font des hoho hohoho
ho je n’ai jamais pu encaisser ça mais je dois avouer que la conviction et la
mise en place de Torino en concert font la différence. La différence c’est
aussi ce côté direct et sans fioriture qui ne peut que plaire aux primitifs
dans mon genre.
Place donc aux Anglais. Comme à chaque concert de SILENT FRONT les mêmes questions existentielles
reviennent m’assaillir. Premièrement : est-ce que Phil Mann (guitare et
chant) a des nouveaux tatouages ? Deuxièmement : est-ce que Russel
Whitehorn (basse) s’est enfin coupé les cheveux ? Troisièmement :
Est-ce que Gareth Thomas (également guitariste et chanteur de Mayors Of Miyazaki) est
toujours le batteur de Silent Front ? Et enfin : est-ce que le groupe
a publié un nouveau disque ?
Les réponses sont, dans l’ordre : non je ne crois pas, non toujours pas, oui et
non. Disons simplement que revoir et aimer à nouveau Silent Front pour la
énième fois en concert est en soi une sorte de petit miracle parce que comme
toujours les anglais sont arrivés à convaincre, même sans faire preuve de
nouveauté ni changer quoi que ce soit à leurs habitudes.
On les connait pourtant par cœur les grimaces de
Phil Mann qui braille arquebouté contre son micro, on les connait par cœur ces
vieux titres que le groupes traine avec lui depuis plus de cinq années, on les
connait aussi ces nouvelles compositions que Silent Front joue maintenant
depuis presque deux ans, on sait à l’avance ce qui va se passer pendant le
concert, on goûte déjà depuis longtemps à la mixture noise-rock émophile du
groupe et pourtant… et pourtant on apprécie toujours autant ces trois mecs,
simplement généreux dans ce qu’ils font et surtout foutrement efficaces. Rendez-vous dans six mois.
[pour en revenir au deuxième album de Silent
Front, celui-ci est enfin enregistré et le groupe a eu recours au même gugusse
que celui qui a déjà mis en boite les deux excellents titres figurant sur le split 10’ paru l’année dernière (avec
Clean Kitchen sur l’autre face) ; sinon, quelques photos du concert sont à
voir ici]