En novembre 2011, s’est tenue pendant 4 jours à
Wels, une petite ville au nord-ouest de l’Autriche, la 25ème édition
du festival Unlimited. Cette année
là, puisqu’il s’agissait également de son 70ème anniversaire, c’est
le grand PETER BRÖTZMANN qui a
joué le rôle de programmateur/curateur en chef : il s’agissait de fêter
comme il se doit quarante-cinq années de militantisme acharné et d’activisme
musical avec d’une part le maximum de groupes ou projets avec Peter Brötzmann
mais également des invités proches et amis du saxophoniste allemand. La liste
des invités et des groupes en question donne littéralement le vertige mais
surtout permet une fois de plus de constater que Peter Brötzmann, musicien
omniprésent et phare éclairant de sa superbe la scène free jazz européenne et
mondiale depuis tant d’années, est également un passeur. On retrouve donc dans
cette programmation et aux côtés de quelques uns des plus vieux amis de Brötzmann
quelques noms de musiciens appartenant à des générations plus jeunes ou venant
d’horizons plus lointains (en particulier d’Afrique et du Japon).
Fort heureusement, pour toutes celles et tout ceux
qui n’ont pas pu se rendre à cette 25ème édition du festival
Unlimited ou qui plus simplement n’en avaient jamais entendu parler, Trost records a eu l’idée de ce coffret
intitulé Long Story Short et résumant
ces cinq jours de folie musicale en cinq CDs remplis jusqu’à la gueule. On ne
parle ici que de résumé parce que certains musiciens présents lors du festival
ne figurent pas dans le coffret et c’est bien dommage (Otomo Yoshihide par
exemple alors qu’il est en photo dans le livret !*) mais la matière à écouter
avec ces cinq disques est déjà largement suffisante pour nous combler de
bonheur.
Parce qu’il n’y a rien à jeter ou presque ici,
seules quelques rares déceptions empêchant légèrement Long Story Short d’atteindre le plus haut niveau de réussite. Au
rang des choses moins indispensables que les autres on citera par exemple le
quartet Peter Brötzmann/Bill Laswell/Maâlem Mokhtar Gania/Hamid Drake qui
tourne parfois en rond (mais arrive toujours à se rattraper) ou Full Blast
(trio composé de Brötzmann accompagné du bassiste Marino Pliakas et du batteur
Michael Wertmüller – ex Alboth ! – à la batterie), un trio qui vire trop à
la démonstration de force rythmique.
Au rang des découvertes ou des confirmations on
parlera du Chicago Tentet avec le saxophoniste John Tchicai en guest, de la
joueuse de koto Michiyo Yagi (son trio avec Brötzmann et le batteur Tamaya
Honda, japonais lui aussi, est tout simplement époustouflant), du vibraphoniste
Jason Adasiewicz qui a su superbement dialoguer avec le saxophone de Brötzmann,
du quartet Joe McPhee/Maâlem Mokhtar Gania/Fred Lonberg-Holm/Michael Zerang, du
génial sextet Jeb Bishop/Joe McPhee/Mars Williams/Jason Adasiewicz/Kent
Kessler/Tamaya Honda, de Hairy Bones ou du DKV Trio (Hamid Drake/Kent
Kessler/Ken Vandermark) en doublette colemanienne avec un autre trio formé lui de
Mats Gustafsson, Massimo Pupillo et Paal Nilssen-Love…
Enumérer tout le monde serait bien trop fastidieux
et bien trop long – ah si, quand même, il y a aussi un superbe solo (voix
et guitare) de Keiji Haino, Martin Siewert qui bidouille avec le DJ expé Dieb
13 et le Caspar Brötzmann Massaker dans la même grande forme noise et
hendrixienne qu’il y a vingt ans – mais une chose est sûre et certaine :
en plus d’être le témoignage d’un évènement musical majeur, Long Story Short peut également servir
d’introduction à la scène free jazz et des musiques improvisées. Un coffret
dont on est loin d’avoir fini de faire le tour, une sorte d’encyclopédie libre
aux multiples portes d’entrée.
* alors que, très étonnamment, Otomo Yoshihide figure bien sur le DVD Concert For Fukushima capté pendant le même festival mais il semble bien que cette version filmée n'ait vraiment rien à voir avec celle, plus courte, de Long Story Short – dommage !
* alors que, très étonnamment, Otomo Yoshihide figure bien sur le DVD Concert For Fukushima capté pendant le même festival mais il semble bien que cette version filmée n'ait vraiment rien à voir avec celle, plus courte, de Long Story Short – dommage !